Vers une hausse d’immigration au Québec?
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Le gouvernement Legault envisage sérieusement de hausser les seuils annuels d’immigration en faisant en sorte d’augmenter la proportion de nouveaux arrivants francophones. Mais ce changement de cap ne passe pas comme une lettre à la poste dans les rangs caquistes.
Au printemps 2022, le ministre Jean Boulet avait été forcé de remettre le dentifrice dans le tube après avoir qualifié de « raisonnable » la proposition du démographe Marc Termote de hausser graduellement le nombre de nouveaux arrivants pour atteindre 58 000 par année.
Son chef François Legault martelait que c’était « pas plus de 50 000 par année et ça va rester comme ça dans les prochaines années ».
En campagne électorale ensuite, il avait même dit qu’il serait « suicidaire » pour le Québec français de revoir les seuils à la hausse.
Mais depuis, les choses ont changé.
La semaine dernière, des échanges ont eu lieu dans les comités ministériels.
« Il y a des opinions variées », a reconnu une personne au fait de ces discussions.
Des préoccupations sont soulevées quant au déclin du français, à l’impact sur le nombre de logements à créer ou le nombre de places en garderies supplémentaires à développer dans un contexte déjà difficile.
Possible consensus
Un consensus pourrait se dégager autour d’une hausse si, en contrepartie, des mesures garantissent une plus grande proportion de francophones.
L’immigration pourrait alors être vue comme un levier pour améliorer le fait français, et non plus comme un problème.
« Mais le nombre demeure important, en raison des enjeux liés à la capacité d’intégration. Ce n’est pas un bar ouvert », a résumé une autre source impliquée.
Au cours des derniers mois, il a d’ailleurs été demandé à la ministre de l’Immigration d’établir le portrait le plus détaillé possible de la capacité d’accueil actuelle au Québec.
François Legault avait affirmé en novembre qu’il visait à ce que les immigrants économiques sélectionnés par Québec soient 100 % francophones d’ici 2026.
Il a souvent souligné que son gouvernement avait augmenté la proportion d’immigrants francophones de 50 % à plus de 80 %, mais pendant la pandémie, la frontière était fermée et cette avancée est liée à la sélection via le PEQ (programme pour les étudiants ou travailleurs étrangers temporaires).
Sans nouvelles mesures, cette proportion serait appelée à diminuer.
Rien n’empêche Québec de faire passer la part d’immigration qu’il contrôle à près de 100 % de francophones. Tout en tenant compte de quelques exceptions pour des besoins de main-d’œuvre spécialisée, déjà soulevés par Pierre Fitzgibbon, pour le domaine de l’intelligence artificielle par exemple.
Des pistes évaluées
Parmi les pistes évaluées par Québec, il y a la possibilité d’accorder une voie rapide pour la citoyenneté aux étudiants étrangers diplômés d’un programme dans un établissement francophone.
Puis, celle de donner plus de points pour la connaissance du français dans l’évaluation des candidats à l’immigration.
À l’interne, d’autres mesures ont été évoquées dans le passé, comme la possibilité d’exiger des étudiants étrangers un niveau de français pour l’obtention d’un diplôme.
Le document qui sera bientôt présenté par la ministre Christine Fréchette constituera la vision caquiste de l’immigration jusqu’en 2026.
Il s’agira d’un moment important de cette session parlementaire, qui marquera la suite du deuxième mandat Legault.
Québec ne doit pas rater son coup.
Il y a à concilier les besoins de main-d’œuvre, la faible croissance démographique, et surtout, un risque que la nation francophone soit noyée dans un Canada à 100 millions d’habitants dont rêve Justin Trudeau.
En vrac
Faut-il hausser le salaire des élus ?
Les ex-députés Martin Ouellet et Lise Thériault feront connaître la semaine prochaine leurs recommandations pour une hausse de la rémunération des élus. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne, après des tentatives infructueuses ? L’actuelle indemnité de base est de 101 561 $.
Marc, il cogne encore !
Rencontré récemment au parlement, l’ancien élu libéral de Chapleau Marc Carrière a participé à la coupe du monde de balle-molle en Italie l’été dernier. Il a agi à la fois comme lanceur et comme frappeur de puissance. Comme la star du baseball majeur Shohei Ohtani... le chèque de paie en moins !