Jeunes de 14 ans et moins: sept fois plus d’accidents de travail qu’il y a cinq ans
Le nombre d’accidents de travail chez les jeunes de 14 ans et moins a explosé. Il y en a sept fois plus qu’en 2017, ce qui fait dire au ministre Jean Boulet qu’il est capital de mieux encadrer la place des jeunes au boulot.
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La hausse des lésions professionnelles chez les adolescents se poursuit au Québec, selon les plus récents chiffres de la CNESST.
Uniquement en 2022, pas moins de 74 réclamations pour un accident de travail impliquant des enfants de 14 ans et moins ont été acceptées, une augmentation de 640% depuis cinq ans.
Si on englobe les jeunes de 15 et 16 ans, on atteint 501 lésions professionnelles en une seule année, en hausse de 80% depuis 2017.
C’est dans les secteurs du commerce de détail, de l’hébergement et de la restauration qu’on répertorie le plus d’incidents.
«Ces chiffres confirment l’importance d’assurer un meilleur encadrement du travail des enfants», affirme le ministre du Travail, alors que s’ouvre mardi la commission parlementaire sur le projet de loi qu’il a déposé.
Cette législation prévoit que l’âge minimal pour travailler soit fixé à 14 ans au Québec et que les jeunes de 16 ans et moins ne puissent se rendre au boulot plus de 17 heures par semaine durant l’année scolaire. Il n’y a pas d’exception pour les secteurs de la restauration et du commerce de détail. Le ministre a suivi les recommandations du Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre représentant patrons et syndicats.
Pénurie de main-d’œuvre
La pénurie de personnel n’est évidemment pas étrangère à la présence grandissante d’adolescents sur le marché du travail et ultimement, à la hausse des accidents chez ceux-ci. D’ailleurs, un sondage Léger révèle que trois ados sur 10 concilient travail et études.
«Il y a énormément de pression sur les employeurs, il y a une augmentation assez importante du nombre de jeunes qui répondent à des besoins des employeurs, insiste Jean Boulet, en entrevue. Les jeunes arrivent avec moins d’expérience, ils ont besoin de plus de formation, besoin d’être plus guidés et souvent sont exposés à des contraintes organisationnelles et physiques, comme des charges trop lourdes, des gestes répétitifs, des horaires irréguliers.»
À l’orée des consultations, le ministre souligne que son projet de loi est perfectible et «que la porte n’est pas complètement fermée à rien». Du même souffle, il ajoute qu’il est toutefois d’abord guidé par la sécurité des jeunes et leur réussite éducative. «Pour nous, la réussite éducative, c’est vraiment de quoi de fondamental», souligne-t-il.
Assouplissements demandés
S’il partage les préoccupations de Jean Boulet, le président du Conseil canadien de commerce de détail plaide pour certains assouplissements. «On demande qu’on permette aux jeunes de moins de 14 ans de travailler durant l’été, pendant [les vacances] d’hiver, durant la semaine de relâche», précise Michelle Rochette, qui sera de passage mardi devant les parlementaires.
Si les adolescents de 15 et 16 ans pourront bosser davantage en dehors du calendrier scolaire, les détaillants souhaitent également pouvoir les employer plus longuement durant les jours fériés.
M. Rochette tient toutefois à rappeler au gouvernement qu’il s’attaque actuellement aux effets collatéraux du manque de bras au Québec. «Il ne faut certainement pas perdre de [vue] qu’il faut continuer à travailler avec acharnement sur la pénurie de main-d’œuvre d’abord, au moins avec autant d’effort qu’on est en train d’en appliquer pour corriger les effets de la pénurie de main-d’œuvre».
NOMBRE DE RÉCLAMATIONS D’ACCIDENT DE TRAVAIL ACCEPTÉES PAR LA CNESST EN 2022
14 ans et moins: 74
Par secteur:
- Commerce de détail: 40,5%
- Hébergement et restauration: 29,7%
16 ans et moins: 501
Par secteur:
- Commerce de détail: 29,3%
- Hébergement et restauration: 24,6%
NOMBRE DE RÉCLAMATIONS D’ACCIDENT DE TRAVAIL ACCEPTÉES PAR LA CNESST EN 2017
14 ans et moins: 10
16 ans et moins: 278