3e lien: une mauvaise pièce de théâtre
Léger

Côté divertissement, la volte-face du gouvernement Legault sur le troisième lien est assurément un succès.
C’était un bien étrange théâtre burlesque que nous a offert la CAQ hier, où les âmes contrites côtoyaient les sanglots retenus.
Caquistes contrits
Commençons par Éric Caire, ayatollah du troisième lien.
Jusqu’au bout de son sang se battrait-il pour le troisième lien, disait-il.
«S’il y a un recul de la CAQ, je démissionne», rajoutait-il.
Finalement, le voilà bien en selle, cloué à son siège – de ministre. Si seulement la dissension de M. Caire avec son parti ne concernait que le troisième lien. Sur le tramway, M. Caire a aussi dû reculer.
Autrefois partisan du «Tramway No Way» et après avoir accusé le maire Marchand de «polluer la vie des automobilistes», le voilà rallié au tramway.
Questions: à quel moment un député n’est plus à sa place dans un parti? Combien de renoncements faut-il pour prendre une distance de son parti?
Geneviève Guilbault, elle, nous invite maintenant à «renoncer à la voiture».
Quel changement, tout de même! Il y a quelques mois, elle défendait, avec toute sa vigueur, le projet du troisième lien et le droit des automobilistes, et refusait d’affirmer son appui ferme au tramway.
Une épiphanie l’a-t-elle foudroyée? Ou est-ce seulement une bonne communicatrice qui plie à la force du vent pour ses ambitions personnelles?
- Écoutez l'entrevue avec Gilles Lehouillier, maire de Lévis à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :
Vices caquistes
La CAQ a fait du troisième lien un enjeu politique, quasi identitaire.
Du «pont par million», à un lien «carboneutre», à la «guerre à l’auto», jusqu’aux gens de Montréal «regardant de haut les gens de Québec et Lévis», si leur volte-face est embarrassante aujourd’hui, c’est parce que le boomerang des arguments grotesques pour le défendre leur revient en pleine figure. Tout simplement.
Reculer, c’est bien, mais ça ne justifie pas toutes les inepties qui ont pu être dites pour défendre ce projet.
Revenir à la raison n’est pas du courage politique.
C’est juste du bon sens, qui ne mérite pas le claquement enthousiaste de nos mains.