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Comment Pierre Poilievre veut gagner les élections



On dit que Brian Mulroney aurait conseillé à Pierre Poilievre de « pêcher là où se trouvent les poissons ».

Mulroney souhaitait que le chef conservateur fasse sien le même manuel de pêche que lui : lancer sa canne à pêche pour attraper le poisson modéré, celui de centre-droite, celui « tanné » du gouvernement libéral.

Chez les conservateurs, un spin laissait croire que c’était sa nouvelle stratégie.

Il y aurait un nouveau Poilievre en ville, après une course à la chefferie où Jean Charest fut victime d’un véritable massacre à la tronçonneuse.

Ce n’est pas ce à quoi nous assistons. 

Cette semaine où il a taclé la CBC, à deux jambes, en est la preuve récente.

Il ne tente pas de se « centraliser » politiquement.

Il tente plutôt d’être le centre de tous les mouvements de contestations, légitimes ou pas, extrémistes ou pas, insurrectionnels ou pas, convergents ou pas. Voilà le manuel politique qu’il utilise.

C’est complètement un autre logiciel que celle de la droite canadienne classique et celle de Stephen Harper ; qui savait qu’il devrait se retenir sur leurs convictions pour converger vers le centre politique et gagner des élections.

C’est en ce sens qu’il rompt avec la tradition conservatrice canadienne.

Ce n’est pas les enjeux, mais la colère qu’ils génèrent qui importe pour le chef conservateur.

Il pêche toutes les colères, autrement dit.

Pourvu que ça fâche

Revenons sur sa croisade contre CBC pour qu’il soit sur Twitter un « média financé par l’État ».

On peut certainement critiquer la CBC et ses biais, ce qu’à peu près tout le monde a reconnu au Québec...

Or, est-ce vraiment ce que Poilievre dénonce ?

Il y voit avant tout une colère à exploiter : il souhaite coaliser les Canadiens, méfiants des médias, comme la CBC. Peu importe les effets sur la démocratie.

C’est la même dynamique avec son appui aux camionneurs lors du convoi de la liberté. « Je suis fier des camionneurs et je suis de leur côté », disait-il.

Plusieurs l’ont analysé comme une boulette politique.

Cet appui était plutôt le point de départ de sa démarche. Cela annonçait la suite.

Plusieurs l’ont encore plus raillé sur son amour au Bitcoin. « Une façon de détourner l’inflation » face à la Banque du Canada qui « a créé » de l’inflation, disait-il.

C’est exactement la même stratégie à l’œuvre.

Y a une grappe de Canadiens qui croit dur comme fer à la finance alternative, bitcoin et machin, et Poilievre souhaite être leur héros, leur porte-étendard.

Regardez aussi sa réaction face au recul du 3e lien.

Je cite son tweet : « Notre équipe conservatrice s’est battue dès le début pour la voie du gros bon sens : un 3e lien et les automobilistes de Québec. Trudeau et ses libéraux ont choisi la voie des wokes et de la guerre à la voiture. »

Je ne sais trop ce que woke, 3e lien, Trudeau et gros bon sens viennent faire ici.

Aucune importance. Il y a un ressentiment à Québec, il sait que certains mangent du Woke le matin, le midi, le soir, il faut qu’il en soit le dépositaire.

Sondages

Les conservateurs dirigés par Poilievre sont présentement à 34 %, selon les sondages.

34 %, c’est quoi ? C’est exactement le résultat qu’ont obtenu Andrew Scheer et Erin O’Toole aux dernières élections. L’effet Poilievre est encore nul.

Il a encore bien de la colère à cultiver s’il veut devenir PM.







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