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«Personne porteuse»: lorsque l'inclusion du PLQ exclut

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Photo d’archives Le député libéral André A. Morin.

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Depuis 2018, on dit souvent que le Parti libéral du Québec est déboussolé.

Il l’a démontré une fois de plus cette semaine avec sa volte-face dans le projet de loi 12 (pl12) sur les mères porteuses.

« Personne porteuse »

Rappelons les faits : mardi, en commission parlementaire, les élus étudient le texte du pl12.

André A. Morin, un libéral, dépose un amendement afin que le mot « femme » soit retiré.

Il s’explique : « La modification que je voudrais apporter, pour avoir un langage qui est plus inclusif dans l’ensemble du projet de loi – car ça revient à gauche et à droite –, ce serait de faire référence à une personne porteuse. »

Le ministre Simon Jolin-Barrette répond que son groupe parlementaire s’y opposera « parce qu’on tient à ce que les femmes ne soient pas invisibilisées du Code civil du Québec ».

  •  Écoutez Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois en entrevue au micro d'Antoine Robitaille, disponible en balado sur QUB radio :  

Le nouvel élu de QS Guillaume Cliche-Rivard va dans le même sens : « Moi j’apprécie bien : “la femme ou la personne qui a donné naissance”. »

Choc

Au caucus libéral, certains sont outrés. D’anciens élus et militants aussi.

On s’étonne d’abord que cela vienne d’André A. Morin. Personne ne s’attendait à ce que cet ancien « Président Chevalier de grâce magistrale en Obédience » du très catholique Ordre de Malte du Canada défende une version aussi radicale de la théorie du genre. Et que sous couvert d’inclusion, il exclurait carrément les « femmes » d’un texte de loi.

Des sources racontent que le fameux amendement venait de la députée Jennifer Maccarone. Morin l’aurait relayé en commission. Il a beau être ancien procureur fédéral en chef du Service des poursuites pénales, « il n’a pas d’expérience en politique ni en parlementarisme », m’explique-t-on.

Après le refus de Jolin-Barrette d’exclure le mot « femme », Maccarone, « porte-parole de l’opposition officielle pour la communauté 2SLGBTQIA+ », tweete illico : « Encore une fois, le gouvernement de la CAQ fait preuve d’un manque de compréhension et d’inclusion ».

Au PLQ, ça rechigne. (Comme lorsque la même Maccarone, fin janvier, avait fustigé la CAQ de rejeter la nomination d’Amira Elghawaby à Ottawa. Le chef Tanguay l’avait obligée à se rétracter.)

Volte-face

Si bien que jeudi, lorsque Jolin-Barrette propose au Salon bleu d’adopter une motion sur la question, André A. Morin est co-proposeur ! Et tous les libéraux (y compris Maccarone) votent en faveur !

Le libellé de la motion apparaîtra à tous (ou presque) comme une enfilade de lapalissades :

« Que l’Assemblée nationale...

...reconnaisse que la population québécoise est composée de plus de 50 % de femmes ;

...que les femmes donnent naissance par le biais d’un accouchement ;

Qu’elle réitère l’importance de conserver le mot “femme” dans les lois québécoises ;

[Qu’elle] rejette toute tentative d’invisibiliser les femmes du corpus législatif québécois. »

Lors du débat sur la nouvelle loi 101 (loi 96) en 2022, un caucus libéral déboussolé avait imploré le gouvernement de retirer un amendement qu’il avait lui-même fait adopter !

Cette fois, il a proposé d’exclure le vocable « femme » pour ensuite, jeudi, appuyer une motion qui le célébrait. Ce n’est pas le double salto arrière caquiste du troisième lien, mais c’est quand même ahurissant.

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