Éducation: les enfants ontariens sont plus précieux que les enfants québécois
C’est objectivement ce qu’on doit conclure du refus obstiné du gouvernement de mettre sur pied un ordre professionnel en bonne et due forme pour les enseignants.
Autrement, qu’est-ce qui peut justifier le fait qu’on ne suive pas l’exemple ontarien, auquel on a l’habitude de se comparer.
Les syndicats se battent bec et ongles contre toute idée d’avoir un organisme de réglementation et de surveillance de la profession d’enseignant. Ils prétendent qu’elle est déjà très réglementée et qu’eux sont là pour jouer le rôle de surveillance.
Pardon?
Un syndicat ne peut en aucun cas se substituer à un ordre professionnel. Les missions sont divergentes et peuvent même, dans certains cas, être en contradiction. Un ordre professionnel a pour mission d’assurer la protection du public (protection des enfants dans ce cas-ci), alors que celle d’un syndicat est la défense de ses membres.
Un ordre professionnel est doté d’une panoplie de mécanismes de surveillance et d’inspection permettant d’assurer aussi bien le respect de la réglementation et de la déontologie que l’évaluation et la bonification des compétences requises. Je n’ai jamais vu un syndicat procéder à l’inspection et à l’évaluation de ses membres.
Laisseriez-vous un médecin qui n’est pas membre du Collège des médecins vous établir un diagnostic ou procéder à une chirurgie?
Laisseriez-vous une infirmière qui n’est pas membre de l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec vous faire une prise de sang?
Voudriez-vous qu’un ingénieur qui n’est pas membre de l’Ordre des ingénieurs conçoive le prochain pont enjambant le fleuve Saint-Laurent?
- Écoutez Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissements d’enseignement en entrevue au micro de Yasmine Abdelfadel, disponible en balado à QUB radio :
Évidemment que non, alors pourquoi nos enfants sont confiés à des professionnels qui ne sont encadrés par aucun organisme de surveillance, mais qui sont très bien défendus par les syndicats?
Poser la question, c’est y répondre.
Un ordre professionnel permettrait non seulement de s’assurer de la compétence de ceux à qui nous confions nos enfants au quotidien, mais il permettrait également au ministre de se dégager de la responsabilité de devoir intervenir chaque fois que quelque chose qui implique un enseignant se passe dans une école.
Par exemple, récemment, nous avons appris que plusieurs enseignants ont été accusés au criminel pour des crimes à caractère sexuel. Certains avaient même réussi à retrouver un poste dans une école à la suite de leur incarcération. Cela aurait été fort difficile, voire impossible, si cet enseignant avait eu l’obligation de démontrer qu’il faisait partie d’un ordre professionnel et qu’il détenait un permis d’exercice à jour.
D’ailleurs, avez-vous remarqué que c’est le ministre Drainville qui a été questionné à ce sujet plutôt que le syndicat, qui dit jouer le rôle de surveillance? Pourquoi est-ce que le ministre Dubé n’a pas été interpellé lorsqu’un médecin de famille a été récemment accusé des mêmes comportements? La réponse est simple: l’ordre professionnel.
De plus, un ordre professionnel recueille des signalements et procède à des enquêtes menées par son bureau du syndic et peut déposer éventuellement des accusations auprès d’un tribunal des professions. Comparez ça à la boîte vocale mise en place par le gouvernement depuis quelques semaines et ouverte durant les heures de travail pour collecter les dénonciations des actes répréhensibles à caractère sexuel!
Les astres sont alignés, la population le réclame, le rapport de force avec les syndicats est à l’avantage du gouvernement, les faits sont têtus, les arguments sont béton. Pourquoi le gouvernement refuse de se ranger sous le bon sens? La peur des syndicats est-elle plus importante que la protection de nos enfants?