Plafond de la dette: les républicains vont frapper un mur

À la Chambre des représentants, le débat sur le plafond de la dette expose la vraie nature du Parti républicain et la faiblesse de son leadership.
C’était prévisible. Les efforts de la mince majorité républicaine à la Chambre des représentants de forcer les démocrates à accepter leur politique fiscale radicale sous la menace semblent destinés à l’échec.
En bref, les républicains demandent au président Biden et aux démocrates du Sénat d’appuyer un plan budgétaire qui paralyserait le gouvernement fédéral et entraînerait une récession, à défaut de quoi ils sont prêts à provoquer une crise financière à côté de laquelle celle de 2008 aurait l’air d’un pique-nique.
Dialogue de sourds
Cette situation est semblable à ce que les analystes appellent le jeu de la «poule mouillée», où deux automobilistes s’élancent à toute vitesse l’un vers l’autre et le premier qui tourne est déclaré perdant. Si personne ne cède, évidemment, c’est la catastrophe pour tout le monde.
Le président Biden et les démocrates ont clairement signifié qu’ils n’accepteraient rien d’autre qu’un relèvement inconditionnel du plafond de la dette, mais les républicains demandent des coupes massives qui n’auraient aucune chance d’être acceptées autrement.
Depuis plus de cent ans, le relèvement du plafond de la dette n’a presque jamais posé problème. Ce n’est que depuis le virage à droite radical des républicains pendant la présidence Obama que ceux-ci en ont fait un cheval de bataille contre les présidents démocrates. Évidemment, quand Donald Trump a demandé de financer l’énorme déficit résultant de ses baisses d’impôts pour les mieux nantis, les républicains ont docilement obtempéré.
L’austérité sur les stéroïdes
Il faut quand même rappeler que l’augmentation de la dette est le résultat de décisions passées prises par les deux partis. En fait, environ le quart de la dette totale accumulée depuis plus de 200 ans par le gouvernement américain a été contracté pendant l’administration Trump.
En échange de leur consentement à relever le plafond, les extrémistes républicains ont demandé des coupes draconiennes de dépenses et l’abandon de la quasi-totalité des initiatives proposées par Biden et approuvées par le Congrès. Ils demandent aussi des réformes aux programmes de sécurité sociale et d’assurance maladie qui pénaliseraient des millions de citoyens vulnérables.
Bref, pour éviter d’entraîner l’économie mondiale dans une crise entièrement évitable, la droite fêlée du Parti républicain réclame un programme d’austérité sur les stéroïdes.
Ça ne tient tout simplement pas la route, mais ça reflète parfaitement ce qu’est devenu le Parti républicain, noyauté par des extrémistes qui n’ont aucun programme à proposer autre que le démantèlement de l’État.
- Écoutez l'édito de Luc Laliberté, expert en politique américaine à l'émission de Richard Martineau via QUB radio :
Un leadership menotté
Pendant que les représentants de la droite fêlée qui font la pluie et le beau temps dans le caucus républicain, les républicains modérés craignent que ces excès les mènent tout droit à la défaite en 2024.
Pris entre deux feux, le président de la Chambre Kevin McCarthy est plus vulnérable que jamais, mais la seule chose qui sauvera son leadership est l’absence totale d’alternative qui pourrait gagner l’appui des factions irréconciliables de son parti.
Pas étonnant que le président Biden aborde sa campagne de réélection avec optimisme.