Drainville a raison: un ordre professionnel des enseignants est inutile
Parent

Nous avons tous été scandalisés et outrés par le comportement exposé sur la place publique de deux enseignants face à leurs élèves.
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Leurs propos sont inexcusables et méritent d’être sanctionnés. Cela ne justifie pas pour autant la création d’un ordre professionnel pour les enseignants et toutes les inepties qui ont pu s’écrire sur le sujet.
Le personnel qui soignait Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette appartenait à un ordre professionnel et cela n’a pas empêché sa fin tragique.
Quant à moi, les incidents relatés ont mis en évidence le laxisme des administrateurs scolaires et la méconnaissance des mécanismes de la Loi de l’instruction publique (LIP) qui incluent une procédure de radiation du brevet d’enseignement.
Je conviens que les problèmes sont complexes, il faudrait toutefois éviter de sombrer dans le simplisme en croyant qu’un ordre professionnel réglerait tout.
Un vieux débat
C’est au milieu des années 1990 que les professeurs d’université des facultés d’éducation ont amorcé la promotion d’un ordre professionnel enseignant en croyant qu’il leur donnerait une meilleure maîtrise sur leur pratique professionnelle.
Les enseignants de commission scolaire n’ont pas adhéré au point de vue des universitaires.
Le débat, porté par le ministre Pierre Reid, a refait surface avec l’élection du PLQ. Jean-Marc Fournier en a hérité par la suite. L’office des professions en avait été saisi et concluait que les enseignants n’en voulaient pas. Pour l’organisme, c’était une condition préalable.
La CAQ l’avait dans ses cartons, mais elle a également renoncé au projet en constatant la fin de non-recevoir des enseignants à la création d’un tel ordre.
Bernard Drainville reconnaît que le refus est celui des enseignants et non de l’appareil syndical. En sus, il est conscient que la LIP contient toutes les dispositions qui lui permettent d’agir comme un ordre professionnel.
Les fausses nouvelles
Je ne suis pas un adepte de Donald Trump, mais à lire ce qui s’est écrit sur le sujet de l’ordre, je pourrais clamer que cela fourmille de fausses nouvelles.
Le gouvernement est loin d’être à genoux devant les syndicats. Ces derniers ne sont pas aussi puissants que l’affirment des chroniqueurs.
Bien que certains prétendent que c’est une mission impossible, on recense pourtant des congédiements d’enseignants. La convention collective et la sécurité d’emploi ne protègent pas l’incompétence. Le rôle du syndicat est de s’assurer que l’employeur la démontre clairement.
On dénombre également des congédiements réglés à l’amiable. La défense à tout prix d’enseignants incompétents énoncée par Patrick Lagacé s’avère de la foutaise.
Un ordre professionnel ne dispenserait pas les syndicats de leur devoir de représentation et les autorités scolaires de leur devoir d’enquête.
La persistance de situations malencontreuses dépend trop souvent du laxisme de la direction à prendre ses responsabilités.
L’ordre professionnel des enseignants de l’Ontario est le seul qui existe dans le monde. Devons-nous croire que c’est le seul coin sur Terre où les élèves sont précieux ?