Mafia montréalaise: arrestation d’un suspect qui aurait une dent contre le clan Rizzuto
Sept ans après sa participation à une attaque armée contre une grosse pointure de la mafia italienne, un homme de main des Rouges s’est fait tirer du lit par les policiers durant la nuit de vendredi relativement à la retentissante tentative de meurtre dont le leader mafieux Leonardo Rizzuto a été victime, le mois dernier, à Laval.
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Kevin Rochebrun, 32 ans, a été interpellé à son domicile de Mascouche vers 2h30 lors d’une opération policière orchestrée par l’Escouade nationale de répression du crime organisé (ENRCO), selon des sources de notre Bureau d’enquête.
L’ENRCO est la brigade composée de membres de plusieurs corps de police, dont la Sûreté du Québec, qui cherche notamment à traduire devant la justice les suspects derrière la fusillade lors de laquelle le fils du défunt parrain Vito Rizzuto a été blessé par balles alors qu’il circulait à bord de son luxueux VUS Mercedes sur l’autoroute 440 ouest, le 15 mars en fin d’après-midi.
Aucune accusation criminelle n’a encore été déposée contre Rochebrun, que les autorités associent aux gangs de rue montréalais d’allégeance rouge.
Le deuxième suspect arrêté par l’ENRCO dans cette affaire devrait donc être remis en liberté au cours de la journée de vendredi en attendant les suites de l’enquête.
Les policiers avaient également relâché leur premier suspect, Francesco Del Balso, après avoir appréhendé ce mafioso de longue date et lui avoir confisqué son passeport à l’aéroport Trudeau, le 23 mars, alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays en direction de l’Europe.
L’ENRCO croit possible que Del Balso, un ex-haut gradé du clan Rizzuto qui est dorénavant un proche partenaire des Hells Angels, ait pu commander l’attentat contre Rizzuto en riposte à une fusillade dont il avait lui-même été la cible, mais sans qu’aucune des balles tirées vers lui ne l’atteigne, le 7 novembre 2022, à Laval.
Attaque sur le mafioso Pizzi
L’arrestation de Kevin Rochebrun, tout comme celle de Del Balso, semble appuyer la thèse voulant que l’attaque perpétrée aux dépens de Leonardo Rizzuto – un avocat membre du Barreau du Québec que la police considère toujours comme un des leaders du clan Rizzuto – aurait comme toile de fond des représailles à des règlements de comptes précédents au sein de la faction sicilienne de la mafia.
Le 1er août 2016, Rochebrun faisait partie d’un groupe de cagoulards armés ayant tenté d’éliminer Marco Pizzi, un présumé importateur de cocaïne qui est maintenant fiché par la police comme l’un plus importants associés du clan Rizzuto.
Quand les cagoulards ont percuté l’arrière de sa Mercedes ce jour-là, Pizzi a pris la fuite en courant vers un parc où jouaient des enfants, à Montréal-Est.
Rochebrun, qui était alors en possession d’un pistolet mitrailleur Tec-9, d’un revolver Smith & Wesson de calibre .44 magnum et d’un fusil à pompe Maverick de calibre .12, s’est fait épingler par la police de Montréal une semaine plus tard.
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Trahi par les traces de son ADN qu’il a laissées dans la fourgonnette impliquée dans la collision avec la Mercedes de Pizzi, Rochebrun a ensuite été condamné à une peine de trois ans de pénitencier.
Un ami victime
L’année précédente, ce soldat des Rouges avait également perdu l’un de ses amis, Marco Claudio Campellone, dans un règlement de comptes relié à la mafia italienne. Rochebrun a évoqué cet assassinat devant la commission fédérale des libérations conditionnelles.
Campellone, 24 ans, que les autorités identifiaient comme une étoile montante du clan Rizzuto, avait été tué par balles en face de son domicile à Rivière-des-Prairies, le 18 septembre 2015.
Le jour des funérailles de Campellone, un cocktail Molotov a été lancé en guise de message sur l’immeuble qui abritait les locaux du cabinet des avocats Cavaliere et associés, où Leonardo Rizzuto avait son bureau d’avocat.
Loris Cavaliere, qui a aussi représenté Campellone devant la justice, a été radié à vie du Barreau en 2018 après sa condamnation pour gangstérisme dans l’opération policière Magot.
Selon nos informations, l’une des hypothèses policières concernant ce meurtre qui demeure à ce jour impuni veut que le crime ait été préalablement autorisé par l’un des dirigeants du clan Rizzuto, plutôt que perpétré par un groupe criminel rival.
