Gagnant à la loterie: même en prison, ce criminel voulait sa part du million
Gérald Manning était à la tête d’un vaste réseau de trafic de cocaïne sur la Côte-Nord
Des criminels de carrière ou de simples citoyens se sont battus devant les tribunaux pour tenter d’obtenir leur part du gros lot. Un autre s’est retrouvé au banc des accusés après avoir gagné le million à la loterie.
Voici quelques histoires où justice et loterie se sont croisées.
Sorti de prison, il veut sa part du million
Un homme emprisonné pour avoir dirigé un vaste réseau de trafic de cocaïne sur la Côte-Nord a tenté, en vain, de récupérer sa part du million de dollars qu’il alléguait avoir remporté à la loto avec des amis de longue date et sa conjointe.
En mai 2019, Gérald Manning intente un recours judiciaire visant à récupérer 111 111,11 $, soit le neuvième d’un lot d’un million de dollars remporté en mars 2016 au 6/49.
À cette époque, Manning purge une peine de prison de 78 mois après avoir plaidé coupable en novembre 2015 à des accusations de possession, de complot et de trafic de stupéfiants, à Baie-Comeau.
Parmi les gagnants se trouvent des amis d’enfance, mais aussi sa conjointe Jacynthe Roy, elle-même condamnée à purger une peine de 2 ans moins un jour dans la collectivité en lien avec les activités illicites de Manning.
Malgré son emprisonnement, l’homme assure avoir toujours fait partie du groupe de loterie qu’il avait fondé avec des amis en 1992.
Libéré en novembre 2017, l’ex-détenu tente le mois suivant de récupérer sa part du lot auprès de son couple d’amis, ce que ce dernier refuse de faire. L’ex-trafiquant de drogue attend alors quelque 16 mois supplémentaires avant d’intenter un recours devant les tribunaux.
Une grave erreur, car plus de trois ans se sont alors écoulés entre le moment où il est informé du gain et la date où il dépose son recours. En raison d’une prescription extinctive, la juge Nicole Tremblay rejette la demande de Manning.
Mais ce n’est pas tout. Le Tribunal n’adhère pas non plus aux arguments de Manning selon lequel il a continué à payer ses quotes-parts via divers intervenants, notamment le conjoint de sa nièce.
«Manning ne faisait plus partie du groupe depuis plusieurs années avant l’achat du billet gagnant du 26 mars 2016», conclut la juge Tremblay, dans son jugement de juin 2021.
1,6 M$ à un batteur de femme
La chance ne sourit pas toujours à ceux qui le méritent: un joueur pathologique reconnu coupable d’avoir battu sa femme et d’avoir frappé ses enfants avec une «strap» a gagné 1,6 million $ à la loterie en 2020.
Le criminel – qu’on ne peut nommer sans risquer d’identifier des mineurs – a notamment donné des coups laissant des ecchymoses à sa conjointe, selon le témoignage «crédible» de cette dernière. Quant aux enfants, l’homme les a frappés avec une ceinture de cuir et a menacé de les tuer, a conclu le juge, se basant sur le témoignage de la mère.
Malgré ces événements survenus jusqu’en 2018, l’homme a gagné environ 1,6 million $ à la loto en 2020 grâce au Banco, non sans avoir préalablement déboursé d’énormes sommes pour jouer. D’ailleurs, les problèmes de jeux de l’accusé étaient principalement responsables des mésententes du couple, selon la plaignante. L’homme a été accusé après avoir remporté à la loterie, mais les crimes qu’il a commis étaient antérieurs au gain.
«[L’accusé] indique avoir un problème de jeux, il joue à la loterie tous les jours depuis 43 ans. Il mentionne aussi avoir eu des problèmes à faire ses paiements d’hypothèque et en deux occasions, il a reçu des prêts de la plaignante pour des montants de 1000$», peut-on lire dans la décision.
Au moment d’écrire ces lignes, la peine de l’agresseur n’était pas encore connue.
Une fraudeuse perd tout
Une femme ayant remporté 1 million $ à la loterie en 2010 a vu sa fortune disparaître, car elle a dû rembourser l’employeur qu’elle avait floué. Entre 2011 et 2014, Lise St-Pierre a falsifié les chèques de l’entreprise Construction Irénée Paquet et fils pour que leurs montants soient déposés dans son compte bancaire personnel. Pour l’entreprise, le stratagème de Mme St-Pierre a représenté une perte avoisinant les 900 000$, somme qu’elle a remboursée, notamment grâce à son gain à la loterie. En raison d’un grave problème de jeu, la fraudeuse pouvait débourser entre 1500$ et 4000$ par mois en billets de loterie.
Il veut sa part du gâteau
Jugeant avoir droit à sa part du gros lot, un homme a traîné en justice son ex-conjointe et son fils dans le but d’obtenir, en vain, 3,7 millions $. L’homme, alors âgé de presque 80 ans, alléguait notamment avoir droit à la part du butin de 7,5 millions $, car sa date de naissance faisait partie de la combinaison gagnante et que lui et sa conjointe avaient partagé les dépenses des cinq dernières décennies. Dans son jugement prononcé à Salaberry-de-Valleyfield, le juge Stéphane Sansfaçon a rejeté les arguments du demandeur, indiquant notamment qu'il n’avait tout simplement pas payé pour le billet du tirage du 21 janvier 2006.