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Un fils prend la relève d’un cordonnier de 86 ans, qui a travaillé jusqu’à son dernier jour

Trois générations de cordonniers chez les Pageau à Québec

Cordonnier
Valérie Lesage / JdeQ


À 56 ans, Jean Pageau a pris la relève de son père cordonnier, un métier qui ne s’enseigne plus au Québec et qui peut seulement se transmettre par un artisan.

Louis-Georges, son complice de toujours, de qui il a tout appris, s’est éteint à la fin de l’été dernier, à 86 ans. Il aura travaillé jusqu’à son dernier jour, à réparer des chaussures dans son atelier-boutique du Trait-Carré à Québec, fidèle à ses clients pendant 70 ans.

«Et il continuerait s’il était encore en vie. S’arrêter pour faire quoi? Il disait qu’il allait mourir s’il arrêtait. Ça le désennuyait de travailler», raconte Jean Pageau avec émotion.

Louis-Georges avait appris le métier de son propre père, Léopold, qui avait ouvert son premier atelier dans un hangar à quelques pas de l’actuelle cordonnerie, en 1939. 

De père en fils, le métier s’est transmis dès l’adolescence. 

«J’aimais travailler avec mon père. On avait une belle complicité et on se partageait le travail», raconte M. Pageau.

Cordonnier
Valérie Lesage / JdeQ

Le temps suspendu

Dans le petit atelier, le temps semble s’être arrêté il y a longtemps. Le vieil établi en bois porte les marques de sa longue histoire. Entre les outils, les talons et le cuir, une statue religieuse semble veiller sur l’homme au caractère paisible, qui avait promis à son père de continuer.

«Je ne sais pas si je resterai aussi longtemps que lui! On va voir comment iront la santé et le commerce», dit-il en souriant. 

Jean Pageau passe 40 heures par semaine dans l’atelier-boutique de chaussures, en plus de travailler une vingtaine d’heures comme cuisinier dans un restaurant. Il compte laisser la cuisine, mais attend que son patron ait trouvé un remplaçant. 

À la cordonnerie, il aime aider les gens qui veulent donner une deuxième vie à leurs chaussures confortables.

«Chaque réparation est un défi parce que chaque brisure est différente. Il faut trouver des solutions, être ingénieux», témoigne-t-il.

Les chaussures d’aujourd’hui, pour plusieurs, sont moins solides que celles de ses débuts il y a 40 ans, dans le temps où elles étaient toutes en cuir et pouvaient se recoudre et se refaire quelques décennies durant. 

«Quand c’est en plastique et que ça perce ou que ça fend, il n’y a rien à faire», dit-il.

Cordonnier
Valérie Lesage / JdeQ

Rares, les cordonniers

Il vend aussi des chaussures pour tous les budgets. Certains clients tiennent à la qualité et au confort, d’autres cherchent à plus petit prix. Mais ces chaussures moins chères sont aussi celles qui ne se réparent pas. 

Ses clients viennent parfois d’assez loin, car les cordonniers ne courent pas les rues aujourd’hui. Certains sont les enfants et les petits-enfants des plus vieux clients, fidèles depuis toujours. 

La lignée de cordonniers chez les Pageau s’éteindra avec Jean, qui n’a pas d’enfant. Si un jeune venait lui demander d’être son apprenti, aurait-il la patience de transmettre son savoir? Il en doute, mais allez deviner ce que la vie lui réserve dans cet atelier où l’improbable s’est déjà produit. Son père, en effet, a eu un jour à poser un œillet sur la carapace d’une tortue qu’un homme voulait attacher pour éviter de la perdre dans la nature!







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