Québec tient à son projet de Salon de jeux au centre-ville de Montréal
La population vulnérable du centre-ville n'aurait rien à craindre, soutient le PDG de Loto-Québec.
Malgré les inquiétudes exprimées au cours des dernières semaines, le gouvernement du Québec maintient le cap sur son projet d’ouverture d’un Salon de jeux au Centre Bell, géré par Loto-Québec.
Le président et chef de la direction de la société d’État, Jean-François Bergeron, et le ministre des Finances, Éric Girard, ont tour à tour mardi, vanté ce projet en gestation, en collaboration avec le Groupe CH, propriétaire du Canadien de Montréal.
À l’occasion de l’étude des crédits budgétaires 2023-2024, devant la Commission des finances publiques, le pdg de Loto-Québec a présenté l’initiative comme une façon de réduire l’offre d’appareils de loterie vidéo dans les bars de l’île de Montréal, tout en accroissant l’offre de divertissement au centre-ville.
Précisément, le nouveau Salon de jeux prendrait place dans les locaux de l’ancien restaurant 1909 Taverne Moderne, adjacent au Centre Bell. L’établissement de trois étages serait ouvert sept jours par semaine, de 11h à 3h du matin. Il serait ouvert à tous (18 ans et plus), tant du Centre Bell que de l'extérieur de l'amphitéâtre.
Clientèle vulnérable
Talonné par le député libéral, Frédéric Beauchemin, qui a rappelé la fermeture encore récente du Salon de jeu de Vanier, à Québec (déménagé depuis à Beauport, un secteur plus aisé), le pdg de Loto-Québec a tenté de dissiper au mieux les craintes de danger que pourrait représenter ce nouvel établissement de jeu pour les populations les plus vulnérables du centre-ville de Montréal.
«L’offre et la qualité de l’offre en sera une de haut de gamme, à tarifs haut de gamme. Ça ne s’adresse pas à une population vulnérable. Ça s’adresse à une clientèle, celle qui consomme les produits du Centre Bell», a insisté Jean-François Bergeron.
Il a ajouté que l’initiative aurait pour conséquence de regrouper à terme quelque 200 appareils au centre-ville, elle s’accompagnerait par ailleurs du retrait de «600 appareils» actuellement répartis dans une quarantaine d’établissements privés (restaurants, bars, brasseries, etc.) du centre-ville.
Une offre modernisée
Éric Girard, ministre des Finances, n’a pas non plus caché son enthousiasme pour ce projet. Cela permettrait, dit-il, «de moderniser l’offre de jeu», et de permettre à Loto-Québec «de prendre sa place» face à la concurrence, en s’associant à un «partenaire de prestige comme les Canadiens de Montréal».
Le ministre Girard a par ailleurs dit avoir écrit à la direction de la Santé publique de Montréal afin d’obtenir son avis sur la question. Ce dernier a indiqué ne pas avoir reçu d’avis ou de réponse jusqu’à présent.
«Est-ce que le ministre s’engage à respecter les recommandations de la Santé publique en ce qui concerne le mini-casino au Centre Bell?», a demandé le député de Québec Solidaire, Haroun Bouazzi.
«La réponse est oui, a répondu le représentant caquiste de Groulx. (...) Ma démarche est sincère. Comme j’ai demandé leur avis, je considère important de l’avoir.»
Avec le Cirque du Soleil
Cette association de Loto-Québec avec le Groupe CH n’est pas sans rappeler le projet mort-né du casino dans le secteur du Bassin Peel, dans Pointe-Saint-Charles, au début des années 2000.
À l'époque, la société d’État s'était associé avec le Cirque du Soleil pour ouvrir un casino en plein cœur de ce quartier, alors défavorisé.
Devant le tollé provoqué, le Cirque du Soleil avait quitté le navire, rapidement abandonné par la suite.