Parents dans les estrades: tu cries après l’arbitre? Tu viens arbitrer ou tu décampes
Si vous êtes un parent qui a tendance à oublier d’apporter son jugement lorsque vous assistez aux match de votre enfant, vous pourriez être obligé d’aller arbitrer durant trois matchs si vous criez après l’arbitre.
Et tant que vous n’avez pas arbitré ces trois rencontres, plus personne ne veut vous voir dans les estrades. Vous ne serez plus autorisé sur le terrain.
Ne vous en faites pas si vous avez le profil de ce parent (bien que la plupart de ceux qui l’ont ne semblent même pas s’en rendre compte): cette mesure ne s’applique pas chez nous.
C’est une nouvelle règle d’une ligue de baseball mineur dans l’État du New Jersey, dans le secteur de Deptford. Le réseau télévisé ABC, dans son émission Good Morning America, a fait un reportage sur cette histoire.
Le président de cette ligue de baseball pour jeunes enfants a lancé cette initiative, car il n’est plus capable de trouver d’arbitres. Ceux qui essaient se font traiter comme de la marde et démissionnent. Plusieurs ligues de baseball mineur aux États-Unis se cassent la tête pour calmer les parents dans les estrades. Surtout depuis 2019, quand une bagarre générale de parents avait éclaté au Colorado lors d’un match arbitré par un jeune... de 13 ans. Voici les images:
Application impossible
Tout cela est aussi fascinant que préoccupant. Ça me semble évident que ça ne marchera jamais, cette initiative à Deptford. Si j’étais le nez du bénévole qui devra demander à un parent fou d’arbitrer ou de s’en aller, j’aurais la chienne, ça va venir vite. Un bénévole ne peut pas jouer à la police. L’application d’un tel règlement est impossible.
À Lac-Saint-Louis, cet été, un projet pilote dans le même esprit que celui de Deptford est dans les plans.
Si un parent, un entraîneur ou un joueur s’en prend aux arbitres, par exemple, l’équipe que cela concerne aura une conséquence pour son prochain match, car elle aurait perdu son «point respect».
L’équipe adverse pourrait par exemple commencer le prochain match avec un coureur au premier but pour les trois premières manches.
«Toutes ces idées-là, c’est intéressant! Des idées, on en a plein, mais c’est la maudite mise en application difficile, le problème. Le fardeau, on le donne ensuite aux bénévoles qui n’ont pas toujours le goût d’aller voir les parents fautifs. Ce n’est pas évident», explique Maxime Lamarche, directeur général de Baseball Québec.
Triste d’en arriver là
Avec un peu de recul, ce n’est pas triste, tout ça? De devoir penser à de telles mesures alors que des parents prennent un jeu autant au sérieux?
«Oui, ça me fait de la peine. Je te rappelle qu’il y en a un seul, sur des milliers de Québécois, qui va se rendre dans le baseball majeur», poursuit Lamarche.
«Chaque année, on ajoute des règles dans le livre de règlement de Baseball Québec. Penses-tu que c’est pour améliorer la qualité de l’exécution du match de baseball? Non! C’est pour tout ce qu’il y a autour du match», regrette-t-il.
Et il en rajoute: «Mets juste des enfants sur un terrain de baseball. Ils vont s’amuser. Ajoute d’autre monde et tu auras besoin de livre de règlements.»
Le directeur général de Baseball Québec ne s’en cache pas: des enfants sont victimes d’injustices à cause de leurs parents.
«Oui, ça arrive. Des enfants ne sont pas sélectionnés dans une équipe parce que le coach ne veut rien savoir du parent. Là, le parent crie à l’injustice. Bien, moi, je dirais: responsabilise-toi et regarde ce que ç’a causé pour ton enfant», explique Maxime Lamarche, qui rappelle tout de même que pour un match où des parents crient après un arbitre, il y a en des centaines où il n’y a aucun problème.