Message à nos enfants: ne devenez surtout pas enseignants!

L’ambiance était délétère depuis longtemps dans le monde de l’éducation. Des évènements récents n’ont pas allégé l’atmosphère alors qu’on assista à une véritable chasse aux sorcières pour quelques cas isolés.
Le ministre Drainville ajoute à cet environnement néfaste en déposant un projet de loi pour tout contrôler en choisissant les recettes inefficaces du passé. J’anticipe déjà l’échec de sa réforme et la déprofessionnalisation du personnel enseignant.
La centralisation prônée par la CAQ, l’obligation de résultat des centres de service sans obligation de moyens pour le gouvernement et le maintien d’un régime scolaire à trois vitesses exacerberont la pénurie d’enseignants.
J’ai passé la majeure partie de ma vie dans le monde de l’éducation. Dans cette conjoncture, je dirais à mon enfant d’éviter cette jungle.
Climat toxique
Le réflexe gouvernemental de chercher des boucs émissaires pour sa propre incurie ajoute une pression indue sur le personnel.
Nous l’avons observée dans le domaine de la Santé avec le ministre Dubé. Le modèle s’est répété avec Éric Caire pour la SAAQ. Bernard Drainville recourt maintenant au même stratagème.
- Écoutez l'entrevue avec Bernard Drainville, le ministre de l'éducation et député de Lévis à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :
L’imputabilité et la reddition de compte sont leurs mots magiques qui ne veulent rien dire quand eux-mêmes ne répondent pas de leurs actes et changent d’idée comme on change de chemise.
C’est cette attitude des ministres qui nourrit une charge médiatique contre le personnel et les syndicats. On pourrait se croire dans une ère fasciste où on invite les enfants et les parents à la délation et à la plainte aux autorités policières sans plus de nuance.
Cela ne donne pas l’envie d’être devant une classe !
Remède périmé
Les caquistes ont aboli les commissions scolaires en prétendant qu’ils voulaient rapprocher le centre de décisions du lieu de l’action. En réalité, nous assistons à une prise de contrôle hostile des milieux scolaires par le ministère.
Déjà sans tous ses pouvoirs, l’appareil ministériel a mené l’école québécoise dans un mur avec une réforme fondée sur le socioconstructivisme. Ce ne sera pas l’Institut d’excellence qui mettra fin aux différentes postures des universitaires et à l’idéologie dominante de quelques décideurs.
Le ministre veut des données que son ministère recueille déjà. Il veut surtout celles qui feront son affaire en demeurant discret sur ce qui le dérange.
Le maintien d’une école à trois vitesses ne peut que plomber les bonnes intentions d’un ministre dont la crédibilité est déjà sérieusement affectée.
La formation accélérée pour qualifier certains enseignants détenant un baccalauréat dans une discipline ressemble à l’initiative étatsunienne qui a mené à la déprofessionnalisation des enseignants.
Les objectifs de réussite éducative fixés arbitrairement pour les centres de service s’apparentent aux mêmes vœux pieux de François Legault lorsqu’il était ministre de l’Éducation au début des années 2000 sans qu’il en soit ressorti de résultats probants.
Comme enseignant, je n’entends pas la cloche sonner pour annoncer la fin de la récréation, mais plutôt celle pour sortir définitivement de l’école.