La Caisse de dépôt et placement du Québec a donné son appui à la vente d’Uni-Sélect aux Américains

Même si elle s’offusque des primes versées à ses dirigeants, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a finalement voté en faveur de la vente d’Uni-Sélect, de Boucherville, à sa concurrente américaine, LKQ Corporation, de Chicago.

L’acquisition du fleuron québécois a reçu l’appui de 98,87% des actionnaires – dont la Caisse de dépôt – lors d’une assemblée extraordinaire tenue le 27 avril. Pour mémoire, l’offre non sollicitée de LKQ s’élevait à 2,8 G$, ou 48$ l’action.

La Caisse se laisse convaincre

Pour que la transaction soit approuvée, au moins les deux tiers (66%) des votes exprimés devaient s’avérer favorables. La Caisse de dépôt détenait à elle seule près de 10% (précisément 9,75%) des actions de l’entreprise. 

Malgré son poids, la Caisse n’a pu empêcher la vente. Dans une note déposée sur son site web, la CDPQ confirme – après « analyse des faits et des représentations reçus » – avoir finalement choisi de voter en faveur de l’arrangement proposé entre Uni-Sélect et LKQ. 

«Dans ce contexte, nous avons demandé à LKQ Corporation de nous fournir des engagements envers le Québec et de confirmer son intention ferme de maintenir et faire croître les activités d’Uni-Sélect au Québec, ce qui a été fait comme demandé», indique la Caisse sur son site web. 

Toutefois, la nature de ces engagements demeure floue. Kate Monfette, porte-parole de la Caisse, évoque entre autres la promesse du maintien d'un «pdg au siège social de Boucherville», l'assurance que des «employés Canadiens/Québécois qualifiés» seront «considérés pour des postes» vacants à la haute direction de LKQ, et la poursuite des «engagements communautaires» [d'Uni-Sélect]. 

• Écoutez la chronique économique avec Sylvain Larocque, journaliste économique au Journal de Montréal et au Journal de Québec, au sujet de la Caisse de dépot et placement du Québec, au micro de Richard Martineau via QUB radio :  

Des primes contestées

Par ailleurs, la Caisse ne cache pas son malaise concernant les dizaines de millions de dollars de primes versées aux dirigeants (haute direction et administrateurs) de la société québécoise dans le cadre du changement de contrôle à venir. La Caisse écrit considérer que ces primes «ne sont pas alignées aux meilleures pratiques de rémunération».

En mars, La Presse révélait que la transaction rapporterait aux hauts dirigeants et membres du conseil d’administration près de 82M$ sous forme de primes diverses et rachat de titres. À lui seul, Brian McManus, embauché il y a deux ans à titre de président exécutif et chef de la direction d’Uni-Sélect, devrait récolter environ 31,3M$ en rachat de titres, en diverses primes liées à la clôture de la transaction, ainsi qu’en indemnité de départ.

De même manière, le chef de la direction financière d’Uni-Sélect, Antony Pagano, recevra 20,6M$ en indemnité, rachat de titres, et primes diverses. Les membres du conseil d’administration devraient, quant à eux, se partager quelque 9,8M$ en rachat de titres.

Fondée en 1968, Uni-Sélect compte 5200 employés et a enregistré des ventes de 1,7G$US en 2022.

UNI-SÉLECT EN BREF 

• Fondation: 1968
• Revenus en 2022: 1,7 G$ US
• Employés: 5200

LKQ EN BREF

• Fondation: 1998
• Revenus en 2022: 12,8 G$ US
• Employés: 51 000