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[EN PHOTOS] Fraudeurs «d’une habileté extrême»: les vies des victimes ont déraillé après avoir perdu des centaines de milliers de dollars

«Je n’ai jamais cru que j’étais en train de me faire voler», a témoigné un homme floué qui a perdu environ 600 000$ à cause d’un stratagème de type «black money»



JOLIETTE | Des victimes encore habitées par la honte de s’être fait avoir par des fraudeurs «d’une habileté extrême» ont vu leur vie dérailler complètement après avoir perdu des centaines de milliers de dollars, alors que le seul accusé qui n’a pas réussi à fuir le pays s’est contenté de «s’excuser sincèrement» de ce qu’ils ont vécu.

«Vous avez fait la passe avec moi», a dénoncé avec rancœur l’une des victimes de Wilfried Christian Mbounou lors de la représentation sur sentence mercredi au palais de justice de Joliette, elle qui s’est fait soutirer 292 400$ dans un stratagème élaboré de fraude de type «black money». 

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L’homme de 28 ans, père de quatre enfants, a été déclaré coupable en février dernier de fraude, tentative de fraude, complot pour fraude, possession de monnaie contrefaite, possession d’une fausse pièce d’identité et de bris d’une ordonnance. 

Wilfried Christian Mbounou, 28 ans, a été déclaré coupable de fraude en février 2023. Photo déposée en preuve au tribunal

Ce dernier était un acteur important dans un vaste réseau de fraudeurs africains aurait pu permettre de subtiliser jusqu’à 2,6 M$ à divers entrepreneurs de partout au Québec, selon la preuve présentée au procès. 

Les fraudeurs arrivaient à mettre en confiance très rapidement les victimes, en se présentant comme d’éventuels acheteurs de biens. 

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Très convaincants, en Porsche

Ils prétendaient posséder d’immenses richesses et en se promenant en Porsche, et se présentant parfois comme un diplomate, un prince ou une «Majesté». Des cadeaux sont aussi offerts aux plaignants comme provenant d’Afrique, des statues, des vêtements.

Les policiers ont trouvé ces tuniques dans un garde-robe d'un appartement lié aux fraudeurs, dans la Tour des Canadiens, qui servaient à duper les victimes dans leurs rôles de «diplomates» ou de gens liés à la royauté. Déposée en preuve au Tribunal

Pour pouvoir payer les vendeurs, ils leur expliquaient avoir une importante somme d’argent, mais que celle-ci avait été transformée à l’aide d’un processus chimique, ne laissant que des feuilles blanchâtres.

Afin de finaliser la transaction, ils faisaient alors une démonstration de «nettoyage» devant les victimes, alors que les billets blancs devenaient de l’argent véritable, à l’aide d’un billet de 100$.

Ensuite, les victimes se faisaient convaincre de fournir eux-mêmes de véritables billets de 100$ pour effectuer une transformation à grande échelle qui leur permettra de finalement faire le paiement pour l’acquisition du bien.

«Tout n’est qu’un vaste mensonge ne visant qu’une seule chose, amener la victime à remettre aux individus une somme importante d’argent qui lui sera subtilisée, pour ensuite lui réclamer encore des sommes supplémentaires», a décrit le juge Bruno Leclerc, dans sa décision de février dernier.

Des victimes dans la honte

Lors des représentations sur sentence, deux victimes ont témoigné des nombreux préjudices subis dans cette affaire, avouant être encore honteux des événements.

«Je ne peux pas croire que je me suis fait avoir. [...] Je n’ai jamais cru que j’étais en train de me faire voler», a soutenu un septuagénaire qui a été victime des fraudeurs, qu'il a qualifié d'une «habileté extrême». 

Ce dernier avait même entamé une relation amoureuse avec l’un des fraudeurs, ce qui l’a amené à perdre environ 600 000$, a-t-il indiqué. Aujourd’hui, il est forcé de travailler à temps plein, incapable de profiter d’une retraite. 

C’est une mallette remplie de papiers blancs comme celle-ci qui a été présentée aux victimes Photo fournie par la police de Toronto

Tout le long du procès, l’accusé a nié être impliqué de quelque façon que ce soit dans ces événements.

Mais mercredi, il a reconnu pour la première fois avoir pris part au stratagème. 

«Je suis vraiment sincèrement désolé de vous avoir fait un coup pareil. J’espère que vous allez trouver la paix dans votre vie», a laissé tomber Wilfried Christian Mbounou. 

Une autre victime a avoué avoir tenté de mettre fin à ses jours après avoir découvert le pot aux roses.

«J’ai encore de la misère aujourd’hui. C’est 20 ans de ma vie que j’ai perdu», a indiqué l’entrepreneur dans la quarantaine, qui a dû retourner vivre chez ses parents après avoir perdu 292 400$ et une faillite.

L'accusé ne parle que de lui

Après avoir exprimé de très brefs remords, l'accusé a déploré de long en large sa situation d'incarcération, dénonçant le «manque d'humanité» des autorités envers lui.

«Ça a eu beaucoup de répercussion sur ma vie. J'ai manqué des événements importants», a soutenu Wilfried Christian Mbounou, évoquant le mariage de sa mère, les funérailles de son grand-père et la naissance de son quatrième enfant.

Lorsque confronté par le procureur de la Couronne, Me Lucas Bastien, il a aussi diminué son implication et affirmer avoir lui aussi été «fraudé» par un complice.

«C’est pas parce que j’étais impliqué dans une fraude que j’ai fait de l’argent avec ça», a lancé Mbounou. 

«La seule chose qu'il parlé, c'est de lui, et des conséquences qu'il a vécues» a déploré de son côté Me Bastien, ajoutant que ses «remords tardifs n'étaient qu'une tentative désespérée d’obtenir la clémence du juge».

Le procureur a rappelé les «conséquences très graves sur les victimes, bien au-delà d’une perte financière», réclamant au passage 8 ans et 6 mois d'incarcération, en plus du remboursement d'environ 765 000$ à celles-ci.

L'accusé, qui se représente seul, a estimé de son côté que les «préjudices» subis en prison méritaient que sa détention préventive lui permette de sortir presque tout de suite, en demandant au juge cinq jours supplémentaires d'emprisonnement. 

Le juge Bruno Leclerc rendra se décision le 1er juin prochain.

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