Sobriété énergétique: mettre son réveil pour faire une brassée de lavage...
Êtes-vous prêts à mettre en marche votre lave-vaisselle, votre laveuse et votre sécheuse la nuit pour répondre à l’appel de sobriété énergétique du gouvernement? Êtes-vous prêts à changer l’heure durant laquelle vous prenez votre douche ou celle à laquelle vous donnez le bain aux enfants?
C’est pourtant ce qui pourrait nous être demandé. L’objectif est noble: éviter les pics de consommation de notre électricité et étaler notre utilisation sur l’ensemble de la journée, ou de la nuit, question de dégager collectivement des économies d’énergie.
Parce qu’il faut le dire, le narratif entourant l’hydroélectricité a radicalement changé au courant des derniers mois. Nous nous sommes fait dire des années durant que nous nagions dans de tels surplus énergétiques qu’on ne savait pas quoi en faire. On en exportait tellement qu’on en avait en trop!
Or, depuis quelques mois, le message est tout autre. Les capacités semblent de plus en plus limitées, au point où on ne pourrait soutenir des projets d’investissements énergivores. D’ailleurs, le Québec a dû renoncer à voir l’usine de Volkswagen s’installer sur son territoire par manque d’électricité, d’après le ministre de l’Énergie et de l’Économie. Le réveil est brutal.
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C’est comme si vous aviez toujours pensé que vous étiez riche comme Crésus, que vous vous êtes acheté une grosse cabane, une belle auto et toute sorte de cossins, pour finalement apprendre que vous n’alliez pas avoir de quoi payer votre épicerie le mois prochain. Ça fait mal. Mais c’est peut-être parce que vous aviez mal planifié vos dépenses, que vous n’aviez pas regardé vos relevés bancaires et que vous n’aviez pas consulté votre planificateur financier. Vous avez été irresponsables et, aujourd’hui, vous allez devoir vous serrer la ceinture.
Est-ce que les gouvernements qui se sont succédé ont fait de l’aveuglement volontaire? Difficile à conclure. Chose certaine, ils étaient tous bien fiers de nous annoncer les ententes d’exportation avec les États américains, à interdire la vente de véhicules à essence dès 2035 et à rappeler à qui veut bien l’entendre que nous étions choyés, bénis des dieux et riches de notre hydroélectricité.
Mais c’est surtout à Hydro-Québec qu’il faudra poser des questions. Comment se fait-il qu’on n’ait pas sonné l’alarme plus tôt, qu’on n’ait pas appelé à lancer de nouveaux projets pour développer notre capacité énergétique, au-delà de la sobriété, pour soutenir nos ambitions, notamment économiques en ce sens. Le PDG par intérim ne s’est même pas présenté à l’étude des crédits en commission parlementaire. C’est tout dire.
Plusieurs se sentent trahis aujourd’hui. Et ils n’ont malheureusement probablement pas tort.