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Trump c. Biden, prise 2 : crises, scandales et dénouement prévisible d’un scénario surréaliste



L’accumulation des crises qui confrontent les deux candidats de tête rappelle le film qui a gagné l’Oscar cette année: Tout, partout, tout à la fois.

Comme dans ce film déjanté, le scénario qui s’annonce pour 2024 est celui d’une campagne hautement anormale ponctuée d’un amoncellement de crises, toutes plus surréalistes les unes que les autres.

Pour comprendre l’effet de ces crises sur l’électorat, il est utile de saisir l’autre concept clé de ce même film : les univers parallèles.

Le cirque Trump continue

Donald Trump vient d’être reconnu par un jury comme un prédateur sexuel. Comme les autres allégations et accusations qu’il collectionne, ce verdict semble avoir peu d’effet sur ses partisans. Trump disait pouvoir tuer quelqu’un en pleine Cinquième Avenue sans perdre ses partisans. Il est ironique que l’agression sexuelle contre madame Carroll ait eu lieu sur cette même avenue.

  • Écoutez l'édito de Loïc Tassé à l'émission de Benoit Dutrizac diffusée chaque jour en direct 12 h 30 via QUB radio :

D’autres crises et scandales s’ajouteront d’ici à novembre 2024, mais l’électorat républicain qui vit dans l’univers parallèle des médias de droite y sera très peu exposé. En fait, bon nombre de ces électeurs ignorent à peu près tout des démêlés de Trump avec la justice.

Tous les prétextes sont bons pour éviter la fissure du bloc républicain. C’est pourquoi on ferme les yeux sur les errements de Trump, comme on ignore les mensonges systématiques et potentiellement criminels du représentant républicain George Santos (si c’est son vrai nom).

Les nuages s’accumulent

Pendant ce temps, l’univers parallèle de la droite n’a d’yeux et d’oreilles que pour les agissements suspects du fils du président. Dans cette chambre à échos, on n’hésite pas à attribuer tous les maux de la terre à Biden, sans oublier de blâmer son âge avancé. Dans l’immédiat, l’amplification de la crise à la frontière sud suite à la levée des restrictions liées à la pandémie pèsera lourd sur Biden, tout comme l’inflation persistante, l’affrontement sur le plafond de la dette et le conflit russo-ukrainien.

Comme pour les crises de Trump, les électorats républicain et démocrate tireront de ces tempêtes politiques des conclusions qui renforceront leurs choix politiques plutôt que de les remettre en question.

Normaliser une aberration

Qu’en sera-t-il pour l’électorat du centre? Entre ces deux univers parallèles, on pourrait s’attendre à ce que l’électeur médian constate que le passif de Trump paraisse nettement plus lourd que celui de Biden.

Mais ce ne sera pas le cas, largement à cause des efforts qu’on fera pour normaliser l’aberration que représente Donald Trump. Par exemple, le réseau CNN a présenté hier soir un forum où le meneur républicain a pu livrer une litanie de faussetés sur l’élection de 2020, sur ses exploits et sur les désastres attribués à son successeur, sans filtre et sans vérification des faits.

D’ici à novembre 2024, les médias qui se veulent centristes regorgeront de fausses équivalences et, par souci d’équilibre, se feront un devoir d’accorder autant de poids à la paille l’œil de Biden qu’ils en accorderont à la poutre dans celui de Trump.

Le résultat sera un électorat plutôt prévisible, à peu près semblable à celui de 2020, avec un déplacement marginal d’un côté ou de l’autre en fonction de la conjoncture économique.







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