Fête des Mères: le triste spectacle de l'indignation permanente
Léger

Bon, de quoi faut-il s’indigner aujourd’hui? J’ai trouvé!
De l’«annulation» de la fête des Mères et des Pères dans les écoles du Québec.
Il paraît, tenez-vous bien, qu’il y aurait trois écoles, sur plus de 3000 écoles au Québec, où quelques classes auraient pris la décision de remplacer la fête des Mères par la fête des Parents. Dans un souci d’inclusion des enfants sans mère, souvent des enfants de la DPJ.
Drame national s’ensuit. Voilà, nous disent certains, un exemple de l’annihilation des genres, peut-être même la fin de notre civilisation. Scandale! Mobilisons-nous contre cette attaque à la mère.
Industrie de l’indignation
Politicien ne reculant devant rien, surtout pas l’hyperbole, Éric Duhaime estime que le «wokisme envahit les écoles».
D’autres, tout aussi aventureux, y voient l’entrée de l’«idéologie trans» et de la théorie du genre dans nos écoles, dissimulés derrière une intention bienveillante.
On voudrait «canceller» les mères pour les remplacer pour parent 1 et parent 2.
Après les drag-queens dans les écoles, la fin des mères...
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a été sommé de réagir. «Il n’a jamais été question de faire disparaître les mères ou les pères de nos écoles. Et il n’en sera jamais question non plus.»
Deux choses, ici. Un, qu’un ministre de l’Éducation, dans un tweet solennel, soit obligé de répondre à cette «controverse» est ridicule. Deux, que l’hyperpolarisation de nos sociétés s’accompagne aussi d’une industrie de l’indignation aussi feinte que permanente.
Hystérisation
Cette question peut être d’intérêt public. Ma boussole logique me dit qu’il est possible de faire les deux : bricoler des dessins pour la fête des Mères, et accommoder les enfants aux situations particulières.
Ma boussole me dit aussi qu’il faudrait arrêter d’hystériser et d’idéologiser chaque discussion ou accommodement, à partir de trois anecdotes éparpillées, révélatrices de rien.
N’avons-nous pas mieux à discuter en éducation? Tenez, un exemple qui mérite l’indignation de tous: 52 % des élèves ont échoué l’année dernière en orthographe lors de l’épreuve de français de cinquième secondaire.