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Victimes de violence conjugale: des femmes protégées et géolocalisées en tout temps pour leur sécurité

En Espagne, un cellulaire est fourni aux victimes pour contacter la police en cas de danger

Alicia Garcia Piña
Alicia Garcia Piña, qui a dénoncé son ex-mari il y a six ans à Madrid, tient le cellulaire spécial Atenpro qu’elle traîne partout. Photo Erika Aubin


MADRID, Espagne | Une des mesures phares de protection pour les victimes de violence conjugale en Espagne est le système Atenpro, une sorte de cellulaire qui leur permet de déclencher une alerte au moindre danger.  

« Quand je suis seule, je le traîne toujours avec moi », confie d’emblée Alicia Garcia Piña, que Le Journal a rencontrée dans un petit café familial en dehors du centre de Madrid.  

La quinquagénaire ajoute ne plus pouvoir se passer du dispositif, qu’elle a utilisé à un nombre incalculable de fois pour se protéger contre les colères de son ex-mari.  

« Ça m’apporte à 100 % de la sécurité », lance-t-elle.  

La psychologue de profession a décidé de divorcer de son mari en 2016, après 23 ans de vie commune pendant lesquels elle dit avoir subi des violences sexuelles, psychologiques et économiques.   

« Quand j’ai parlé de divorce, les choses ont empiré. Il a commencé à être agressif, à me traiter de pute, à surveiller comment je m’habillais. Il me suivait pour voir mes allées et venues », raconte la Madrilène âgée dans la cinquantaine.

Alicia Garcia Piña
Alicia Garcia Piña Photo Erika Aubin

Protégée même sans plainte

Après l’avoir dénoncé, elle a toutefois décidé de ne pas témoigner lors de la phase d’instruction – qui peut se comparer à l’enquête préliminaire au Québec. « Quand je l’ai vu au tribunal menotté, je me suis sentie trop mal. Au début, je n’étais pas encore totalement consciente que je vivais de la violence conjugale », dit-elle avec le recul.   

Le dossier a donc été classé par manque de preuves. Malgré tout, la mère de garçons aujourd'hui à l'âge adulte a néanmoins eu accès à toutes sortes de mesures de protection, dont un téléphone Atenpro et un agent protecteur. Celui-ci prend encore régulièrement de ses nouvelles.      

« Ici, en Espagne, c’est fantastique tout ce qui est mis en place », lance-t-elle avec un large sourire.   

  • Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Louise Riendeau, Porte-Parole du regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale via QUB radio :

Soutien psychologique

Depuis qu’elle possède le cellulaire Atenpro, elle est incapable de se rappeler le nombre de fois qu’elle a dû activer le dispositif, par exemple quand son ex a voulu s’introduire chez elle.  

Elle peut aussi téléphoner quand elle a besoin d’aide psychologique. « Quand je me sens stressée, j’appelle pour parler à un intervenant qui va m’aider à me calmer », explique-t-elle. Le service la contacte également tous les 15 jours pour vérifier qu’elle va bien.  

Grâce à tout ce soutien, Mme Garcia Piña se sentait désormais prête à dénoncer son ex-conjoint. Elle est d’ailleurs en contact avec une avocate pour évaluer ses options. « Je veux juste que justice soit rendue », laisse-t-elle tomber avec confiance.  

Depuis qu’elle a dénoncé son ex-conjoint, Cinthia quitte elle aussi son appartement toujours accompagnée par son cellulaire Atenpro. « Il ne peut pas m’approcher ou aller où je travaille, mais je sais qu’il le fait quand même », dit-elle.    

Elle se sent plus en sécurité sachant que les policiers ont toujours accès à sa localisation. « Si quelque chose arrive, je peux toujours appeler [les autorités] en cliquant ici, explique-t-elle en montrant un bouton sur le côté du téléphone. C’est très positif pour moi. »

Certains reprochent à ce cellulaire d’être trop sensible. Comme le bouton panique est sur le côté du dispositif, il arrive souvent que des alertes se déclenchent par accident, par exemple lorsqu’une femme le transporte dans son sac à main. 

 

Un cellulaire bien spécial

Alicia Garcia Piña
La Péruvienne Cinthia tient dans ses mains son téléphone Atenpro. Photo Erika Aubin

Le cellulaire Atenpro — pour service téléphonique d’attention et de protection des victimes de violences conjugales — est fourni aux victimes qui en font la demande en Espagne, sous certaines conditions. Il s’agit d’un appareil mobile, qui est géolocalisé en tout temps. Lorsque l’on clique sur le bouton sur le côté du cellulaire, cela contacte directement le Centre d’attention, géré par la Cruz Roja (la Croix-Rouge espagnole).   

Des intervenants spécialement formés répondent à l’appel et apportent une réponse rapide selon la situation. En cas de danger immédiat, les policiers vont se rendre auprès de la victime. Les femmes qui demandent ce service n’ont pas besoin d’avoir porté plainte à la police ou que des procédures judiciaires soient en cours pour avoir accès à ce service gratuit.

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