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Taux de chômage record: Québec cherche des employés désespérément

Avec l'été, le taux de chômage pourrait descendre sous le plancher actuel de 1,7%

Quebec
Mathieu Savard, directeur général de l'Hôtel 71 à Québec Photo Stevens LeBlanc


L’été n’est pas commencé et à l’Hôtel 71, comme dans bien des établissements de la région de Québec, il manque d’employés. La direction a pu recruter des travailleurs étrangers, qui représentent maintenant presque le cinquième des effectifs de l’hôtel.

Pour l’été, il faudra trouver à proximité. Et avec un taux de chômage record à 1,7% en avril, le plus bas de toutes les régions métropolitaines du Canada et deux fois et demie inférieur à celui de Montréal, attirer les dix employés manquants pour compléter l’équipe est un sacré défi.

«Il nous manque de voituriers, de réceptionnistes, de personnel d’entretien ménager. Les cadres doivent s’y mettre. Il nous arrive régulièrement de faire des arrivées et des départs ou d’aller chercher des voitures pour les clients!», raconte le directeur général, Mathieu Savard. 

L’hôtelier confie que la pénurie lui donne le vertige. Pour l’entretien ménager, il y a des sous-traitants, mais il aimerait voir arriver des candidatures d’étudiants.

«Je ne sais pas où ils sont! On n’en voit presque plus! Nous, on engage presque sur-le-champ des personnes qui se présentent bien et qui ont le goût d’apprendre», lance-t-il.

Quebec
Photo Stevens LeBlanc

Sur les sites de recherche d’emploi comme Indeed et Glassdoor, plus de 15 000 postes sont affichés dans la région, tous secteurs d’activité confondus. 

«Historiquement, le taux de chômage a tendance à s’affaiblir durant l’été, donc oui il se pourrait qu'un nouveau plancher soit atteint dans les prochains mois», analyse l’économiste Sébastien MacMahon chez iA. 

  • Écoutez la chronique économique avec Sylain Larocque via QUB radio :

Tous les secteurs touchés

Chez Premier Aviation, qui fait de la maintenance d’avions, une trentaine de postes sont ouverts, soit presque 20% de la force de travail de l’entreprise. Les employés les plus difficiles à recruter sont les techniciens en aéronautique, puisqu’ils doivent détenir une licence de Transports Canada. Impossible ainsi de recourir à des travailleurs étrangers temporaires.

«On doit utiliser des contractuels, ce qui coûte beaucoup plus cher. J’ai des gens qui viennent de l’Ontario et des Maritimes. On fait affaire avec des compagnies qui louent du personnel», explique Sylvain Perron, chef des opérations.

Il faut payer des dépenses de logement et de nourriture pour ces travailleurs venus de loin et cela a un impact sur la profitabilité de l’entreprise.

«On absorbe la note. Sinon, on ne serait plus compétitifs», dit l’entrepreneur, dont les concurrents se trouvent partout dans le monde. 

Comment faire pour la suite? M. Perron a invité l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal à ouvrir une classe dans ses locaux et il offre des stages rémunérés, ce qui lui permet de fidéliser des jeunes qui ont envie de rester à Québec. 

Au CHU de Québec, un des plus importants employeurs de la région, avec 15 000 travailleurs, les affichages de postes sont permanents dans une dizaine de professions ou métiers, comme infirmière, préposé ou inhalothérapeute. Pour les emplois cliniques, le recrutement se fait souvent pendant les études, jusqu’à six mois avant l’intégration en emploi. Les heures d’ouverture des cafétérias sont réduites, faute de personnel. Le recours aux heures supplémentaires est souvent nécessaire pour assurer l’accessibilité aux soins et services.

«Le CHU déploie de vastes efforts de recrutement en continu, notamment par l'activation d'une campagne de recrutement majeure ici et à l’international, et mène jusqu'à 5 000 entrevues par année», a indiqué Michèle Schaffner-Junius, porte-parole.

Taux de chômage avril 2023

  • Région métropolitaine de Québec: 1,7%
  • Région métropolitaine de Montréal: 4,6%
  • Province de Québec: 4,1%
  • Canada: 5,0%

L’industrie touristique cherche 34 000 employés

Les besoins de l’industrie touristique, qui tourne à plein régime en été au Québec, vont exercer une pression encore plus forte sur le marché de l’emploi dans les prochains mois.

À la fin du premier trimestre de 2023, il y avait déjà 34 000 postes à combler dans cette industrie. À Québec, dans le seul secteur de l’hébergement, il y a actuellement 1200 postes vacants. Mais les hôteliers s’encouragent, c’est deux fois moins qu’en 2022.

«L’an dernier, la demande était forte, mais l’industrie n’avait pas la capacité de fournir, alors on a perdu de 5 à 10 points de pourcentage des taux d’occupation des hôtels à cause de la pénurie de main-d’œuvre», relate Robert Mercure, dg de Destination Québec Cité.

Le taux de chômage d’équilibre dans un pays est situé autour de 6%. Le Canada est en dessous et évidemment, la région de Québec est en réel déséquilibre à 1,7%.

«Sur le plan économique, il est clair que certaines pertes pourraient être engendrées par les employeurs qui sont dans l'impossibilité de fonctionner pleinement en raison du manque de travailleurs», souligne l’économiste Maëlle Boulais-Préseault chez Desjardins, qui anticipe une remontée des postes vacants en été.

La créativité est de mise

Il n’y a pas de solution miracle pour réduire la pression, c’est la combinaison d’une grande quantité d’efforts qui permet aux entreprises de continuer à servir les clients. 

«L’industrie touristique est hyperactive. On va même intégrer 1000 demandeurs d’asile par année pendant trois ans. Ils sont sur le territoire et ont un permis de travail, en attente du statut de réfugié. On les accompagne pour la francisation et la formation», explique Xavier Gret au Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT), qui a aussi tenu une journée portes ouvertes la semaine dernière pour faire connaître les métiers disponibles.

Les régions de Charlevoix, Lanaudière et Laval offrent pour leur part aux employés de l’industrie des rabais dans des attractions touristiques pour rendre leur secteur plus attractif. 

À Québec, Destination Québec Cité s’est jointe à Katimavik pour faire venir des jeunes d’autres provinces canadiennes en immersion. On leur offre un emploi en tourisme et des cours de français. 

Emplois en tourisme au Québec

  • 2023: 316 000
  • 2022: 267 000
  • 2019: 349 000
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