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Le Groupe Huot avait une «dette cachée» de 150M$

La publication de cet emprunt en février 2023 aurait permis de révéler l’ampleur des déboires financiers du géant de l’immobilier

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Stephan Huot lors d'une conference de presse sur le projet de co
PHOTO D'ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈRE


Des créanciers ont ignoré pendant des années l’existence d’une dette de 150M$ du Groupe Huot, dont la divulgation en février 2023 aurait été l’un des éléments déclencheurs de sa débâcle financière, a appris notre Bureau d’enquête.

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En avril 2020 et en mai 2021, le Groupe Huot contractait un prêt de 120M$ auprès d’une société alors liée à Robert Giroux, un homme d’affaires de Québec qui a amené quelque 75 millionnaires de Québec à investir dans le géant de l'immobilier en échanges d’intérêts pouvant aller jusqu’à 12%.

Il a fallu attendre jusqu’au 17 février 2023 pour qu’une hypothèque de 150M$ – prise sur les immeubles du Groupe Huot et reliée à cet emprunt – soit inscrite au registre foncier. C’est à ce moment que plusieurs ont alors découvert l’existence de ce prêt contracté trois ans auparavant. 

La suite est désormais connue: une semaine plus tard, le Groupe Huot dévoilait par voie de communiqué ses importantes difficultés financières et mettait à l’arrêt ses chantiers, évoquant la hausse des taux d’intérêts et l’inflation.  

«Tremblement de terre» 

Le dévoilement de cette dette supplémentaire a causé une commotion chez d’autres créanciers de Stéphan Huot, selon nos informations. 

«Il y a eu un tremblement de terre», illustre une source bien au fait du dossier. 

C’est que des prêteurs auraient investi des sommes colossales dans le conglomérat de Québec, en ignorant son véritable niveau d’endettement. 

«Avoir su qu’il y avait une hypothèque de 150M$, jamais je n’aurais fait un prêt», peste un créancier, qui a injecté des millions de dollars dans une filiale du Groupe Huot. 

Après une «longue fin de semaine» d'enquête et de vérifications, des créanciers ont alors réalisé l’ampleur des difficultés financières du Groupe Huot, qui n’avait même plus assez d’argent pour payer ses employés. 

Ultimatum d’un créancier 

La publication de cette hypothèque de 150M$ a aussi fait intervenir l’un des plus importants prêteurs du Groupe Huot. Timbercreek Mortgage Servicing réclame maintenant le remboursement de 250M$ d’ici 60 jours, faute de quoi elle reprendra plusieurs immeubles résidentiels composant le parc immobilier du géant de Québec. 

La firme a ainsi inscrit sept préavis d’exercice de vente sous contrôle de justice, au début du mois de mai. 

Selon nos informations, Timbercreek serait actuellement en contact avec le groupe de prêteurs de Québec qui travaillent depuis des semaines sur un plan de sauvegarde visant à reprendre le contrôle du parc immobilier, afin de trouver une entente. 

Une «entente», se défend Huot 

Le promoteur immobilier Stéphan Huot s’est défendu d’avoir eu une «dette cachée». Il affirme qu’il détenait une «entente» avec la société gérée par Robert Giroux pour que cette hypothèque de 150M$ ne soit pas publiée, sauf s’il était en défaut de paiement, a expliqué sa porte-parole Florence Brouillard. 

«Or le 17 février, Robert Giroux aurait cassé l’entente et l’aurait publié, même si Stephan Huot n’était pas en défaut de paiement», a-t-elle insisté, sans toutefois s’avancer sur les raisons expliquant pourquoi cette hypothèque n'avait pas été rendue publique dès sa création. 

L’avocat de Robert Giroux n’a pas souhaité commenter ce dossier. 

Débâcle financière 

Constitué de près d’une centaine d’entreprises actives dans une vingtaine de secteur d’activités variées, le Groupe Huot a mis à l’arrêt ses chantiers de construction et a procédé à des mises à pied à la mi-février. 

Les difficultés financières ont poussé l’entreprise à mettre fin à une partie des activités du complexe Capitale Hélicoptère, près de l’aéroport de Québec. Stéphan Huot a aussi quitté ses fonctions au centre de distribution Transrapide, sur la rive-sud de Québec, qui se place sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers

Stéphan Huot – qui n’a pas commenté publiquement cette débâcle – a mis en vente son manoir de Lebourgneuf, son penthouse de Floride et s’est fait saisir deux terrains à Lac-Beauport par son ex-femme, qui lui réclame 2,3M$

En avril dernier, le Groupe Huot avait pour plus de 900M$ en prêts actifs sur ses immeubles. En date du 28 avril, pas moins de 357 hypothèques légales de construction totalisant 158,6M$ avaient été inscrites sur des immeubles du conglomérat et de ses filiales, selon les données de la firme Terram Technologies. 

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