Coupe Stanley: ce carré d’as du Sun Belt est signé Gary Bettman
Tremblay

Ouf, on l’a échappé belle. S’il avait fallu que le gouverneur de la Caroline du Nord soit républicain, le carré d’as des séries pour la Coupe Stanley se serait joué dans des États trumpistes.
Le Nevada, le Texas et évidemment la Floride avec Ron DeSantis sont républicains. Et si, au Québec, on lève le petit doigt et pince la lèvre inférieure en prononçant le nom du beau Donald, que ce soit à Vegas, à Dallas ou à Miami, on est pas mal moins honteux des performances abracadabrantes du Donald. Même que la semaine dernière, au Home Depot ou au Office Depot, sans parler du Winn-Dixie ou du Costco, plusieurs avaient été fort impressionnés par la performance de Trump à CNN. Le réseau des fake news selon le Donald.
Mais la Caroline du Nord, pourtant un État à la réputation pas mal redneck, sauve l’honneur de Gary Bettman, de New York et des bien-pensants du nord du pays qui mènent les États-Unis. Quoiqu’il faut une certaine réserve puisque la Caroline du Sud, l’autre moitié des Carolines, a un gouverneur républicain.
Mais sauvons l’honneur...
UNE VÉRITABLE FASCINATION
Quand même, ce carré d’as est fascinant. Pensez-y, c’est la première fois de l’histoire de la Ligue nationale, à moins d’un oubli gênant, que les quatre équipes du carré d’as sont installées dans le Sun Belt. Cette frontière imaginaire qui sépare le Sud du Nord des États-Unis. Frontière qu’on longe quand on roule en moto de Los Angeles à Sainte-Adèle. On passe par l’Arizona, le Nouveau-Mexique, le Texas, l’Oklahoma, le Missouri, l’Indiana avant de remonter vers le nord pour traverser la frontière à Detroit. Ces États-Unis de la Sun Belt, on ne les connaît pas du tout. Pourtant, ce sont leurs équipes qui s’affrontent pour la Coupe Stanley, un trophée donné par Lord Stanley, gouverneur général d’un pays... bien enneigé.
SOLEIL ET TAXES
Il n’y a pas que la Coupe Stanley qui migre du Nord vers le Sud. Les Américains aussi. L’Arizona, le Texas et la Floride accueillent de nouveaux résidents par milliers chaque jour. Ça vient de New York, de Boston et de Philadelphie en Floride pour profiter du soleil et de l’absence d’impôt d’État. La pandémie a enseigné jusqu’où pouvait fonctionner le télétravail et les courtiers en immobilier font les meilleures années de leur vie. Même chose pour de nombreux résidents de Chicago et de Cleveland qui sont attirés par le Texas ou l’Arizona.
Si c’est vrai pour les comptables, les avocats, les hommes et les femmes d’affaires, dites-vous que c’est vrai aussi pour les joueurs de hockey.
DES MARCHÉS TERTIAIRES
Ce carré d’as ne cesse d’être passionnant. Les Golden Knights de Las Vegas sont un cas à part puisqu’ils sont encore tout seuls dans le marché florissant de Vegas.
Mais les trois autres équipes ont le douteux honneur d’être souvent la troisième ou la quatrième équipe sportive en popularité et importance de leur marché. Autrement dit, elles doivent faire des efforts inouïs pour sortir la tête de l’eau et s’accaparer leur part d’attention et leur marché.
Pensez-vous qu’à Dallas en octobre, en décembre ou même dans la semaine du Super Bowl les Stars ont tous les projecteurs braqués sur eux ? Il n’y en a que pour les Cowboys, les Rangers, les Mavericks et tout le football collégial et universitaire. Les Stars arrivent à vendre leurs billets en ciblant une clientèle fidélisée par des efforts énormes, mais le reste du temps, ils sont dans l’ombre. Mai et juin sont leur chance de rayonner.
C’est la même situation à Sunrise en Floride où les Panthers doivent lutter contre les Dolphins, les Marlins, le Heat, les grandes équipes comme Florida State au football et, encore pire, les plages de Fort Lauderdale ou de South Beach.
Atteindre le carré d’as est une opportunité de marketing et de reconnaissance extraordinaire. Ça vaut la peine de s’échiner pour y parvenir.
Quant à la Caroline, c’est un État de football universitaire, collégial et scolaire, un État de courses de Nascar, de pick-ups, un État de golf... et à force de bûcher, de hockey pour les Hurricanes. Si on ajoute la Caroline du Sud, l’État-sœur, il y a les Hornets de la NBA et les Panthers de la NFL. C’est du lourd à déplacer.
Ce n’est pas Montréal et le Québec, où tu peux finir 27e et avoir tout l’amour et l’attention pour toi seul. Quoiqu’il y aurait peut-être une réflexion à y avoir.
EXPANSION C. DÉMÉNAGEMENTS
Ce carré d’as est signé Gary Bettman. Primo, il n’y a aucune équipe canadienne pour venir plomber les déjà médiocres cotes d’écoute aux States.
Deux des équipes sont le résultat d’une expansion demandée et dirigée par Gary Bettman. Les Panthers de la Floride et les Golden Knights de Las Vegas.
Les deux autres équipes sont des déménagements autorisés et orchestrés par Bettman. Les Stars de Dallas sont les défunts North Stars du Minnesota, le beau chandail vert et or, et les Hurricanes, pour les nostalgiques, sont les anciens Whalers de Hartford, nés dans l’Association mondiale de hockey, avec les Nordiques de Québec.
Mais toute cette réflexion météo-socio-écono-géographique et presque sportive ne me dérange pas même si elle me passionne.
Les Choqueux Bleux pleurent chez eux... le reste...
Merci Patrick
La série n’est pas terminée. Peut-être que les Remparts vont gagner la Coupe Gilles-Courteau. Peut-être que non.
Gagne ou perd, je prends les devants pour remercier Patrick Roy. Cet homme a acquis une maturité exemplaire pour se consacrer à diriger, former et éduquer des jeunes hommes pendant des années avec les Remparts de Québec.
Il a une fortune qui lui permettrait d’être à la retraite depuis trente ans. Non seulement il ne s’est pas assis dans son kart de golf à regarder passer les hivers, il s’est investi corps et âme pour le hockey mais surtout pour les jeunes.
Il a ses défauts. Comme en ont les êtres entiers. Seuls les tièdes sont en apparence sans défaut. Mais la Bible le dit, Dieu vomira les tièdes.
En attendant de jaser Ligue nationale à son sujet, juste deux mots pour conclure :
Merci Patrick.