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Garder les Coyotes en Arizona pour la TV: «Si on suit cet argumentaire, dans 10 ans, on va nous parler du Mexique», plaide un expert

Des partisans des Coyotes lors d’une rencontre disputée au Mullett Arena, à Tempe.
Photo d'archives Des partisans des Coyotes lors d’une rencontre disputée au Mullett Arena, à Tempe.

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L’argument qui prétend que les Coyotes doivent demeurer en Arizona en raison de son important marché télévisuel est dépassé, selon le professeur en communication, spécialiste de la publicité et du marketing, Luc Dupont. «Si on suit cet argumentaire, dans 10 ans, on va nous parler du Mexique!» plaide-t-il. 

La grosseur du marché de l’Arizona et la part importante qu’elle prend dans le paysage télévisuel ont souvent été désignées comme l’argument principal poussant Gary Bettman à conserver les Coyotes dans le désert.

À ce sujet, M. Dupont acquiesce, dans une certaine mesure.

«Gary Bettman a peur du fromage gruyère, image-t-il. Quand il négocie ses droits télévisuels, il donne comme argument le pourcentage du marché qu’il couvre et les revenus potentiels. S’il perd l’Arizona, quand il va montrer sa carte, quelqu’un va lever la main et demander: "c’est quoi le gros trou qui est là?"» explique-t-il, considérant que l’Arizona est le 11e plus grand marché télévisuel aux États-Unis, selon Nielsen.

Dans les 10 premiers, seulement deux n’ont pas d’équipe de la LNH: Houston et Atlanta.

«Ça revient à la notion de fromage gruyère. Si je suis Amazon et que je veux placer mon dollar publicitaire, et que je vois que les marchés 6, 7 et 11 en importance ne sont pas là, je vais regarder ailleurs.»

Toutefois, à ses yeux, l’argument de la télévision est dépassé et pas représentatif de l’époque technologique dans laquelle nous vivons.

«C’est un argument de 1995 qui se base sur la télévision classique et les abonnements au câble et le nombre de spectateurs qui vont accepter de payer les frais. On n’est plus là aujourd’hui. Tout est en streaming. 

«En ne suivant que cet argumentaire, bientôt, on va nous parler de Sacramento [20e marché télévisuel] ou Cleveland [19e]. Dans dix ans, on va voir le ridicule parce qu’on va nous parler du Mexique. Et je ne blague même pas. C’est pour ça que je dis que cet argumentaire ne tient plus la route. Si je m’en vais uniquement dans des marchés de télés, ça veut dire qu’on se dirige vers des marchés non traditionnels.»

Au détriment du Canada

Alors qu’il semble de plus en plus improbable qu’un déménagement des Coyotes vers Québec survienne, M. Dupont souligne une chose: il ne s’agit pas d’un désaveu envers la seule ville de Québec.

«Si on suit la logique de la télévision, ce sont des décisions qui sont prises non seulement au détriment de Québec mais aussi du Québec, de l’Ontario et de tout le Canada. Il ne voulait pas plus aller à Winnipeg en 2011.»

Pour Luc Dupont, l’entêtement de demeurer en Arizona est aussi une question d’image.

«Tu regardes l’Arizona et la NBA y est, tout comme la NFL et les Ligues majeures de baseball [MLB]. De plus, en termes de revenus publicitaires en Amérique du Nord pour chacune des ligues majeures, la MLS n’est pas loin de la LNH. Sur le plan de l’image, quand tu vois que ton compétiteur s’en vient, tu ne peux pas te permettre de perdre Atlanta et l’Arizona coup sur coup.»

Une tache à l’héritage

En fin de compte, le professeur universitaire estime que l’ego du commissaire y est aussi pour beaucoup.

«Il a été extraordinaire pour les propriétaires. Sur le plan commercial, je regardais lors des matchs de séries et il ne reste plus d’espace disponible pour de la pub, et il y en a même directement sur la glace. Perdre les Coyotes, après toute l’énergie qu’il a mise là-dedans, ce serait une tache noire à son dossier.»

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