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Immigration: j'ai le droit de critiquer, ok?



Je traite souvent du thème de l’immigration et je continuerai.

J’en traite pour dénoncer le fanatisme du gouvernement Trudeau, la mollesse du gouvernement Legault, l’angélisme de beaucoup de Québécois, le moralisme d’une partie des médias, la duplicité des sermonneurs pour qui l’immigration est d’abord un réservoir de votes, et l’étroitesse de vue des patrons qui veulent des bras à bas prix.

Inévitablement, des crétins (j’assume ce mot) me disent: un immigrant comme vous devrait s’interdire de critiquer.

Changements

J’avoue ne pas comprendre le raisonnement, si on peut appeler cela un raisonnement.

D’abord, je critique les politiques d’immigration, qui sont des choix publics sur lesquels diverses opinions sont possibles.

Ensuite, je critique certaines attitudes de certains immigrants. 

Imagine-t-on un artiste qui s’interdirait de critiquer le financement des arts ou un prof qui s’interdirait de critiquer le ministre de l’Éducation?

  • Écoutez la chronique spéciale cinéma de Joseph Facal au micro de Richard Martineau, chaque vendredi, disponible en balado sur QUB radio : 

Je suis arrivé au Québec en 1970.

Pour simplifier, quatre dimensions fondamentales ont changé depuis ce temps.

La première, ce sont les volumes.

En 1970, le Québec avait accueilli un peu plus de 20 000 immigrants et le Canada, 148 000.

En 2023, la cible officielle du Québec de 50 000 ne tient pas compte de l’immigration temporaire, qui explose, et deviendra permanente dans bien des cas. 

Le Canada, lui, accueillera 465 000 nouveaux arrivants cette année, et encore plus dans les prochaines années.

Ces hausses fédérales délirantes posent les questions des capacités d’accueil et de la pérennité du français, qui ne se posaient pas jadis.

Quand nous nous sommes installés à Sherbrooke, il n’y avait pas de quartier ethnique où l’on pouvait reproduire la vie du pays quitté.

La seconde, c’est la composition de cette immigration.

Jadis, le Québec recevait des gens venant de pays culturellement proches de lui, ce qui facilitait l’intégration.

Il est plus facile d’apprendre le français quand votre langue maternelle est l’espagnol ou l’italien que lorsque c’est l’ourdou ou le pachto. 

La culture d’origine influencera aussi la conception que l’immigrant aura de la liberté individuelle, de la modération religieuse, de la femme, de la famille, de la science, de la démocratie libérale, facilitant ou compliquant son intégration. 

Troisièmement, à mon arrivée, les lois fédérales sur le multiculturalisme de 1971 et 1988, qui encouragent la préservation des cultures d’origine, n’existaient pas.

Pour nous, il allait de soi qu’«à Rome, on fait comme les Romains». J’y crois encore.

Frédéric

Enfin, par-dessus tout, nous étions remplis de gratitude envers ce peuple québécois qui nous accueillait à bras ouverts, et il ne nous serait pas venu à l’idée de demander un traitement particulier.

C’était à nous de faire le gros du chemin.

Lundi, j’avais convenu avec Frédéric Bastien, notre chroniqueur et un ami cher, qu’on se verrait pour un de nos dîners réguliers. Il est décédé le lendemain. Je salue sa mémoire et j’offre mes condoléances à ses proches. 







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