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La quête d’excellence de Bernard Drainville nous mène droit vers l’exclusion

La quête d’excellence de Bernard Drainville nous mène droit vers l’exclusion
TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI


Bernard Drainville balaie du revers de la main les préoccupations de plusieurs relativement à notre système d’éducation qui se développe à trois vitesses. Il nie même que cela existe.

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Nous sommes habitués aux dérobades du ministre. Lorsque les journalistes l’avaient interrogé sur sa volte-face au regard du troisième lien, il leur avait servi son « lâchez-moi avec les gaz à effet de serre ». La préoccupation paraissait pourtant évidente, comme l’est celle sur l’école qui accroît les inégalités.

Malheureusement, le gouvernement veut maintenir l’école à trois vitesses, bien que sa mission soit d’instruire et de socialiser tous les enfants pour en faire des citoyens éclairés.

En ravivant le thème de l’excellence par la création éventuelle d’un institut national, le ministre engendrera une éducation de plus en plus élitiste, au détriment de milliers de jeunes qui seront laissés pour compte.

L’excellence est exceptionnelle et elle n’est pas à la portée de tous. Tout en le reconnaissant, il n’est pas question de niveler vers le bas. Au contraire, il faut développer un système éducatif qui tirera vers le haut tous les enfants.

L’école pour tous

Les premiers travaux de notre Hercule de l’éducation consisteraient à mettre fin à tous les projets sélectifs dans les écoles publiques et au financement des établissements privés.

L’intégration de tous les enfants dans une classe régulière avec tous les services adéquats devrait être la voie favorisée. Les classes spéciales devraient être exceptionnelles, car la majorité des enfants qui les fréquentent ne diplôment pas.

L’organisation scolaire reposerait sur des classes hétérogènes et équilibrées afin que les enfants puissent avoir des modèles chez leurs pairs et s’entraider efficacement.

Une éducation de qualité s’offrirait à tous les enfants en ouvrant les portes de la culture et de la compréhension du monde afin qu’ils puissent forger leur esprit critique et participer aux débats démocratiques.

Aller à l’école ensemble, c’est un puissant outil de cohésion sociale !

Libérer les profs

Un éventuel institut national d’excellence ne pourrait être qu’un carcan supplémentaire pour des enseignants qui en ont souvent ras le bol de se faire dire quoi faire par les bonzes des tours d’ivoire.

On peut déjà anticiper les guerres de posture entre les universitaires, chacun défendant sa vision et ses fondements idéologiques à l’intérieur ou à l’extérieur du possible institut.

Le ministre a une intention louable en voulant la réussite éducative d’un plus grand nombre d’enfants. La structure qu’il veut créer n’aura toutefois pas cet effet, alors que l’heure serait plutôt à la concertation et à la collaboration.

Je ne comprends pas que le ministre ne se soit pas tourné vers des institutions déjà existantes comme le CRIRES ou le CTREQ, dans lesquelles la concertation fait déjà bon ménage pour partager les connaissances scientifiques.

Une couche supplémentaire de structures appliquée par le ministre n’augure rien de bon, alors que le système éducatif échoue avec plus d’un élève sur trois.







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