Suicide chez les jeunes: la dysphorie de genre tue encore des adolescents
Des rapports de coroner font état de 5 décès depuis le début de la pandémie de jeunes qui se questionnaient sur leur genre
Cinq adolescents qui se sont enlevé la vie ces deux dernières années vivaient de la détresse liée à un questionnement sur leur genre, selon des rapports de coroner.
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«La situation de M. X n’était pas acceptée par tous les membres de sa famille et il pouvait subir des sarcasmes», écrit le coroner Bernard Lefrançois, à propos du suicide d’un jeune de 18 ans sur la Côte-Nord.
La souffrance psychologique vécue par les personnes qui s’identifient à un autre genre que celui assigné à leur naissance s’appelle la dysphorie de genre ou un trouble de l’identité de genre. Les premières manifestations surviennent souvent dès la petite enfance.
Et si le sujet est de plus en plus abordé dans la sphère publique, les récents décès prouvent qu’il reste encore un travail de sensibilisation à accomplir, estiment des experts. D’ailleurs, l’un des coroners souligne qu’un adolescent de 19 ans «n’a pu surmonter les difficultés associées à toutes les souffrances psychologiques dont il était prisonnier depuis plusieurs années», même s’il avait entamé une transition.
10 et 11 ans
Des enfants aussi jeunes que 10 et 11 ans se sont enlevé la vie l’an dernier.
À Montréal, un coroner note avoir trouvé «un journal personnel contenant des images et des propos qui démontrent qu’elle n’acceptait pas ce qu’elle était, qu’elle avait de la difficulté avec son apparence physique» chez l’un de ses enfants.
À 10 ans, Annsofy Bastien désirait désormais se faire appeler Alex, selon sa mère, Annick Dinelle. Son enfant ne se considérait ni homme ni femme environ un mois avant son suicide.
- Écoutez l'entrevue avec Catherine Parent, coordonnatrice clinique auprès de la clinique psychosociale L’intervenant sur QUB radio :
En augmentation
«Le questionnement de genre, c’est vraiment en augmentation», affirme la psychoéducatrice Lara Quévillon, qui travaille dans une école secondaire de la Montérégie depuis 15 ans.
Elle estime que c’est le fruit du travail accompli pour normaliser ces questionnements, alors qu’avant, les jeunes souffraient en silence.
«Ça fait partie de l’abondance des possibilités [...] Chez certains, ça reste à un stade de questionnement, mais pour d’autres, il y a de la dysphorie de genre», poursuit la pédopsychiatre Annie Loiseau.
Elle remarque que les jeunes qui n’oseront pas en parler craignent que cela soit mal accepté dans leur famille.