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L’école est-elle la solution pour prévenir le suicide chez les jeunes?

Les services d’aide en santé mentale aux adolescents doivent être priorisés dans le système d'éducation

détresse psychologique
Archives Journal de Montréal


Il y a actuellement moins d'un psychologue par école secondaire au Québec. Pourtant, l’aide à l’école est la clé pour endiguer la détresse des adolescents, plaident plusieurs intervenants.

• À lire aussi: Plus de 200 jeunes ont commis l'irréparable depuis le début de la pandémie

«C’est à l’école la première ligne, les enfants sont là tous les jours [...] Ça prend une base plus forte dans nos milieux scolaires, sinon, on fait des dommages irréparables», lance le psychologue scolaire et président du Syndicat des professionnelles et professionnels de la Montérégie-CSQ, Guy Boivin.

Actuellement, seulement 231 psychologues (2,5 % des professionnels) travaillaient dans des écoles secondaires du Québec, en 2021-2022, selon l’Ordre. Or, il y a 498 écoles secondaires dans la province, dont certaines accueillent plus de 500 élèves.

  • Écoutez l'entrevue avec Geneviève Déziel, maman d’Isaac Lajeunesse qui s’est enlevé la vie à 19 ans à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :

Un psy par école

Un chiffre bien insuffisant pour répondre à la demande, déplore la Coalition des psychologues du réseau public québécois, qui exige au moins un psychologue dans chaque école secondaire.

«C’est le minimum du minimum, avoue la présidente Karine Gauthier. Il faut que ce soit simple, qu’il y ait un service de proximité [...] Les jeunes qui ont des symptômes de dépression, s’ils ont de l’aide rapidement, le taux de succès est meilleur. C’est comme un cancer.»

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Courtoisie

Psychoéducatrice en Montérégie, Lara Quévillon soutient qu’il n’est pas rare de voir de ses collègues travailler cinq jours par semaine, mais dans cinq écoles différentes. 

«Le service individuel est très rare. On va cibler des interventions universelles, qui sont bonnes pour tout le monde ou en sous-groupes pour certaines classes.», déplore la vice-présidente du syndicat des professionnelles et professionnels de la Montérégie-CSQ.

Selon elle, des professionnels quittent leur emploi en milieu scolaire parce qu’ils déplorent de rester en surface dans leurs interventions.

Pourtant, ses collègues et elle remarquent la détresse de plus en plus jeune chez les élèves, dès la 5e année du primaire. 

«L’accès aux services a toujours été une grande difficulté, mais là, c’est pire que pire», ajoute Mme Quévillon.

«Les écoles, c’est au cœur des solutions pour aider les jeunes», croit aussi la coroner Julie-Kim Godin, qui a enquêté sur plusieurs suicides de jeunes récemment.  

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Courtoisie

Former les enseignants

Dans un récent rapport, la coroner Godin a recommandé au ministère de l’Éducation d’intensifier les travaux pour former en priorité les intervenants scolaires (dont les enseignants) à mieux repérer les signes de danger ou de risques suicidaires. 

«Ils ne diront peut-être pas : je veux me suicider. Mais, il faut que le réseau soit formé pour mieux dépister les symptômes», croit-elle. 

  •  Écoutez l'entrevue de Yasmine Abdelfadel avec Anabel Allen-Viau et Mélanie Boucher, intervenantes de l'organisme Jeunes en tête, qui mise sur la prévention du suicide grâce à des conférences dans les écoles via QUB radio : 


 

D’autres solutions pour prévenir le pire  

Plusieurs pistes de solutions sont soulevées par des coroners pour améliorer l’aide en santé mentale. En voici quelques-unes : 

Soigner comme pour les cancers 

Les patients en santé mentale devraient être mieux pris en charge par le « système » dès qu’ils ont besoin d’aide.

« Pour moi, les problèmes de santé mentale devraient être traités comme un problème de santé physique, croit la coroner Julie-Kim Godin. À partir du moment où la personne demande de l’aide [...] le réseau devrait arrimer les services. »

À titre comparatif, un patient atteint d’un cancer a droit à toutes sortes de suivis médicaux avec des professionnels et des ressources d’aide pour affronter sa maladie. En santé mentale, le patient reste longtemps sur une liste d’attente pour de l’aide gratuite ou payer pour des services. 

Meilleur contrôle sur Internet

  • Blocage des sites «prosuicides» qui sont trop facilement accessibles 
  • Implantation d’outils pour repérer les jeunes à risque en ligne 
  • Offre d’aide virtuelle (par texto ou clavardage) 
  • Promotion des sites d’aide sur les réseaux sociaux et les sites de jeux en ligne 

«Entre 30 et 50 % des sites Internet traitant du suicide sont des sites prosuicides ou neutres vis-à-vis du suicide. Ces sites sont facilement accessibles par les différents moteurs de recherche. Le fait de développer des initiatives en prévention du suicide sur Internet et de s’assurer de leur bon référencement pourrait contrebalancer une partie de l’effet négatif des sites prosuicides.» – coroner Me Majorie E. Talbot  

Mieux former les professionnels 

Les médecins de famille, psychologues et intervenants sociaux doivent être formés de façon régulière pour bien déceler les risques suicidaires. 

Centres de crise 

Les centres d’aide téléphoniques doivent être davantage connus du grand public, ce qui peut éviter des drames lors d’une crise suicidaire. 

«Les gens n’ont pas le réflexe de les appeler, ils ne les connaissent pas assez bien», estime la coroner Julie-Kim Godin. 

Écoute

«Il ne faut pas hésiter à poser la question par rapport au suicide, lance la psychologue et chercheuse Marie-Claude Geoffroy. De poser la question ne va pas pousser à l’acte, mais cela peut ouvrir une porte vers une solution.»

L’écoute sans jugement est le meilleur outil des parents, dit-elle.

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