Il y a deux pays dans ce pays
Facal

Un des avantages de vieillir est de mieux comprendre que la «nouveauté» n’est souvent que le retour d’une ancienne rengaine.
Au milieu des années 80, la question nationale, disait-on, n’intéressait plus personne. Le projet souverainiste avait échoué, les gens étaient rendus « ailleurs ».
Le dépit se déguisait en analyse politique.
Noyade
Même rengaine à la fin des années 90. Même rengaine encore après les lourdes défaites du PQ de 2018 et 2022.
Un an plus tard, le PQ est remonté au 2e rang dans les intentions de vote, derrière une CAQ fatiguée et résignée à subir l’ordre canadien.
Le Bloc, lui, sort d’un congrès qui a été un succès sur toute la ligne : des militants gonflés à bloc, des débats animés, un chef solidement en selle.
- Écoutez la chronique de Jospeh Facal au micro de Benoit Dutrizac, disponible en balado sur QUB radio :
Sur toutes les questions qui touchent à l’identité profonde du Québec – langue, laïcité, immigration –, le fossé se creuse entre le Canada et nous.
Il y a deux pays dans ce pays, et plus personne ne tente sérieusement une réconciliation sans soumission, tellement c’est sans espoir.
Déjà champion mondial de l’immigration, le Canada en veut encore plus.
Les 1,5 million d’immigrants annoncés pour les trois prochaines années représentent l’équivalent de toute la population du Manitoba.
C’est la noyade voulue, organisée, planifiée du Québec français.
Pendant ce temps, comme le révélait Le Journal hier, Ottawa est incapable de dire combien de fonctionnaires sont touchés par les problèmes du système de paie de ses fonctionnaires.
Cela n’empêche pas Justin Trudeau de vouloir sermonner la première ministre d’Italie sur ses positions concernant la communauté LGBTQ+, qui lui a répondu de se mêler de ses affaires.
Certes, nombre de services gérés par le gouvernement du Québec connaissent des ratés, mais s’il fallait tout régler avant, si l’indépendance était une récompense pour les sociétés parfaites, combien y aurait-il de nations souveraines dans le monde ?
Un an avant le référendum de 1995, l’appui à la souveraineté était de 35 %. Il tourne présentement autour de 40 %.
Les jeunes se font tirer l’oreille, mais sont aussi ceux dont les idées sont les moins arrêtées, donc les plus susceptibles de changer rapidement.
Comme l’expliquait souvent notre collègue Frédéric Bastien, qui vient de nous quitter, le problème n’en est pas un d’individus, Trudeau, Poilievre ou un autre.
Nous avons jadis joué dans le film conservateur avec MM. Harper et Mulroney.
Le problème, c’est le régime constitutionnel canadien et son système politique, d’où l’importance de combats comme celui de Paul St-Pierre Plamondon autour du serment à la monarchie.
Le symbole dévoile en fait la nature néocoloniale de l’ordre politique canadien.
Peur
Avec Richard Martineau, nous revisitions récemment l’œuvre de Denys Arcand.
Richard avait choisi ce célèbre extrait du Confort et de l’indifférence (1981) dans lequel Reggie Chartrand, en 1980, ramène tout à la peur du risque.
Après de longs détours, nous y revoilà de nouveau : les Québécois francophones doivent choisir entre un risque minime et calculé, et l’assimilation planifiée.