Vinicius Jr visé par des insultes racistes à Valence
La situation déclenche la controverse et force une prise de conscience dans le soccer espagnol
Il est trop fréquent que les joueurs de soccer racisés soient la cible des partisans adverses. Ça s’est à nouveau produit dimanche quand Vinicius Jr a été pris à partie à Valence.
Dans une défaite de 1 à 0 du Real Madrid, l’attaquant brésilien a été ciblé à maintes reprises par les partisans valenciens qui ont sombré dans le racisme.
Il a d’abord été traité d’imbécile, ce qui a créé un attroupement et provoqué une assez longue interruption du match. Il a également été traité de singe par au moins un partisan.
Mais dans une envolée émotive après le match, son entraîneur, Carlo Ancelotti, a affirmé que «c’était tout le stade qui traitait un joueur de singe.»
«Ça n’a pas lieu d’être et qu’un entraîneur envisage de retirer son joueur pour cette raison n’a pas lieu d’être, je lui ai dit qu’il n’était pas le coupable, mais bien la victime.
«Nous avons un problème parce qu’à mes yeux, Vinicius est le joueur le plus fort au monde. La Liga a un problème et dans une situation comme ça, il faut arrêter la partie», a insisté Ancelotti.
Controverse
La situation alimente la controverse en Espagne. Dans le camp valencien, on demande des excuses à Ancelotti qui a soutenu que son joueur se faisait toujours insulter dans ce stade.
«Le public valencien est exemplaire, a soutenu l’entraîneur-chef local Ruben Bajara. Certains gestes de Vinicius étaient aussi condamnables», a-t-il mentionné en laissant entendre que le Brésilien avait provoqué la foule.
Mais le quotidien valencien Super Deporte en a ajouté une couche lundi avec une Une qui titrait «Ancelotti ne ment pas, Vinicius ne provoque pas».
Qui plus est, le journal rapporte qu’une centaine de partisans se trouvaient aux abords du stade à l’arrivée de l’autobus du Real Madrid, dimanche, et qu’ils ont chanté «Vinicius, tu es un singe».
Attitude
Une partie des amateurs espagnols prétendent que Vinicius est l’artisan de son propre malheur par ses gestes d’humeur, ses plaintes constantes envers l’arbitre et ses gestes de provocation.
Celui-ci a cependant répondu à cette thèse en publiant sur ses réseaux sociaux un montage de toutes les insultes racistes qu’il a essuyées depuis deux ans.
Lundi, le Valence CF a fait preuve d’ouverture en assurant qu’il bannirait à vie les partisans qui seraient reconnus coupables de comportements racistes envers Vinicius.
Il appert que la police espagnole a déjà identifié au moins un individu et que d’autres pourraient suivre. Le Real Madrid a de son côté porté plainte pour délit de haine. L’Association des footballeurs professionnels espagnols et le Mouvement contre l’intolérance ont aussi déposé une plainte commune.
Un problème
La situation illustre un problème de fond qui mine le soccer espagnol et la Fédération espagnole de football l’a reconnu lors d’une conférence de presse de crise.
«Il y a un problème de comportement, d’éducation et de racisme qui entache tout le football espagnol et tout un pays», a mentionné le président de la Fédération Luis Rubiales.
Le président du Mouvement contre l’intolérance, Esteban Ibarra, a pour sa part déploré l’inaction des autorités compétentes.
«Personne n’agit, déplore-t-il. Souvent, il n’y a pas de sanctions ou elles ne sont pas appliquées et les cas sont inachevés, soi-disant faute de preuve ou parce qu’ils n’arrivent pas à identifier les individus. La réalité, c’est que depuis le COVID, les comportements racistes ont augmenté dans le football. Les instances n’ont aucune efficacité parce qu’elles n’appliquent jamais la loi avec rigueur.»