Réalisez-vous à quel point ça fait longtemps que Casseau est dans nos vies?
Tremblay

Ça fait longtemps que Patrick Roy est dans nos vies. C’est vrai pour le jeune journaliste F.X Bénard qui découvrait hier matin avec surprise que Casseau avait gagné la Coupe Calder en 1985 à Sherbrooke et la Coupe Stanley en 1986 avec le Canadien : « Wow ! Deux d’affilée ! » s’est exclamé F.X qui... a 25 ans.
Pour F.X et tous les gars et filles de sa génération, Patrick Roy est le formidable coach et directeur général des Remparts de Québec. C’est aussi un chandail, le numéro 33, accroché au plafond du Centre Bell et le vague souvenir qu’il a gagné le titre de coach de l’année avec l’Avalanche du Colorado.
Avant d’envoyer promener Joe Sakic et les propriétaires de l’Avalanche quand il ne s’est plus senti respecté par l’organisation. Du pur Casseau.
JEAN-CHARLES CHANGEAIT DE BOUT
Pour un homme de 50 ans comme Jean-Charles Lajoie, le king de TVA Sports et du réseau BPM, Patrick Roy remonte encore plus loin dans sa mémoire : « J’étais tout jeune et quand j’avais la chance d’assister aux matchs des Bisons de Granby dans la LHJMQ, j’étais fasciné par ce gringalet devant le but. Tellement que je changeais de bout de la patinoire quand Patrick changeait de côté aux périodes. Je voulais être proche et ne rien manquer », confiait-il hier matin.
C’est d’ailleurs, raconte JiCi, un de mes confrères, Bijou Rinfret, qui l’avait surnommé Casseau quand il décrivait les matchs des Canadiens Voyageurs de Sherbrooke. Patrick passait plusieurs matchs sur la passerelle à manger des casseaux de patates frites malgré sa maigreur épeurante.
Cette maigreur avait fait la une des journaux quand Casseau avait enlevé sa chemise sur un des chars du Canadien dans la parade de la Coupe Stanley en 1986.
Casseau est donc entré dans ma vie lors de cette saison qui s’est terminée par une parade, rue Sainte-Catherine.
Ce n’était pas prévu. Ni Serge Savard ni son consultant Jacques Lemaire n’étaient convaincus que Patrick Roy avait sa place comme gardien numéro un du gros Canadien. C’est Jean Perron qui s’était battu pour l’imposer.
LE SOUPER DE FÊTE
Pas moyen d’oublier pour Jean Perron. Lui et Patrick Roy partagent la même date d’anniversaire de naissance. Le 5 octobre : « La veille du match à Pittsburgh, le premier de l’année, j’avais décidé d’envoyer Patrick devant le but puisque Steve Penney s’était blessé pendant le camp d’entraînement. Et Serge Savard nous avait invités à souper à Pittsburgh, Patrick et moi, pour souligner notre anniversaire. Casseau a commencé sa carrière, le soir du match inaugural, contre Mario Lemieux et les Penguins. On avait gagné 5-3 et Mario avait scoré au moins un but », de raconter Jean Perron de sa Gaspésie adoptive.
En fait, je me souviens qu’à l’époque Serge Savard était loin d’être décidé à garder trois gardiens avec le grand club. Steve Penney était un favori de Jacques Lemaire et Doug Soetaert était un solide vétéran. Mais Patrick Roy était tellement talentueux que Perron avait convaincu Savard qu’il offrirait une trentaine de matchs à sa recrue et qu’il recommandait fortement l’embauche de François Allaire pour l’encadrer et l’aider dans sa progression.
Jean Perron portait des pantalons en fortrel, mais il a fait plusieurs bons coups pour le Canadien. Dont gagner une Coupe Stanley... avec Casseau devant le net.
LA FLAGELLATION
Patrick a bouleversé la vie des fans quand il a tenu tête à Mario Tremblay et prévenu Ronald Corey qu’il venait de jouer son dernier match à Montréal.
Il s’est tenu debout quand Mario Tremblay l’a humilié devant tout le Canada un samedi soir en le forçant à rester devant le but contre les Red Wings de Detroit de Scotty Bowman. Les Wings défonçaient la Flanelle d’une façon éhontée.
Même F.X a vu ces images de Patrick allant dire sa façon de penser à Ronald Corey.
Le lundi, Casseau s’était flagellé dans une conférence de presse au Sheraton à Laval. Daniel Lamarre, président de National à cette époque, avait organisé le point de presse de Corey et de Réjean Houle au Forum et Paul Wilson, jeune employé chez le même National, la conférence de presse de Patrick à Laval.
Qui était le gros client intéressant pour National ? Parfait, vous avez tout compris. Tellement qu’après le point de presse et après l’avoir interviewé lors d’une émission spéciale à TVA à 7 heures, j’avais conseillé à Casseau d’arrêter de se flageller. Qu’il avait bien fait de les envoyer promener.
Quelques mois plus tard, après avoir joué dans les 22 matchs des séries éliminatoires de l’Avalanche du Colorado et blanchi les Panthers en finale, Patrick Roy gagnait la Coupe Stanley. 1-0 en troisième prolongation. Après avoir dit dans le vestiaire avant le début de la prolongation : « Mettez-vous pas de pression les gars, de toute façon, jamais y a un puck qui va passer ».
Le lendemain après-midi, c’était un mardi, je crois, le téléphone avait sonné. C’était Patrick Roy : « Rej, c’est Patrick. Je voulais juste de remercier du conseil que tu m’as donné. D’arrêter de me flageller. T’avais raison », m’avait-il dit. En résumé puisqu’on avait jasé également de cette conquête époustouflante avec l’Avalanche.
Ça, c’est Patrick Roy. Il n’oublie pas grand-chose. Même quand tu écris Le Masque, une série de télévision sur un gardien de but qui a des problèmes de ménage...
J’espère maintenant que Patrick Roy va rester longtemps dans la vie de F.X Bénard en étant entraîneur-chef pour une équipe de la Ligue nationale.
La nouvelle génération a besoin de leaders comme lui...