Ingérence chinoise: mais qui pense aux citoyens?
Foisy

Dans le dossier de l’ingérence étrangère, on peut au moins s’entendre sur une chose : ça existe, ça prend de l’ampleur et c’est inquiétant.
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Devant ce constat, les Canadiens ont raison de sentir qu’on les laisse tomber.
L’ex-gouverneur général David Johnston nous dit essentiellement dans son rapport : tout ça tient du malentendu et non du scandale, et faites-moi confiance !
Après tout, il a parlé aux agences de renseignement, au premier ministre, aux ministres et aux fonctionnaires !
Une enquête publique aurait permis d’interroger et, surtout, de contre-interroger toutes ces belles personnes. Mais bon. M. Johnston nous assure que son flair est suffisant.
De toute façon, dit-il, une enquête publique ne servirait à rien parce que la majorité de l’information devrait rester secrète.
L’argument ne tient pas vraiment la route.
On a fait des commissions d’enquête sur des sujets aussi sensibles que le dossier Maher Harar, ce Canadien né en Syrie qui a été accusé de terrorisme par les États-Unis en 2002. La GRC avait été critiquée pour avoir partagé de l’information sensible avec les services de renseignements américains.
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Un premier ministre responsable...
Justin Trudeau lui-même est la première personne à blâmer. Sa mauvaise gestion du dossier a amplifié la crise de confiance.
Le mauvais mandat donné à la mauvaise personne n’a pas aidé. David Johnston a passé une grosse partie de son temps à défendre son intégrité plutôt que son rapport.
M. Trudeau aurait pu bien faire les choses dès le début. À défaut d’une enquête publique, il aurait pu nommer quelqu’un d’indépendant, en accord avec les partis d’opposition, pour lever toutes les pierres et en arriver avec une conclusion crédible.
Mais non.
Ne pas tout jeter aux poubelles
Le rapport nous permet d’apprendre que le partage de l’information à l’intérieur du gouvernement est hautement dysfonctionnel.
« Les renseignements qui devraient être portés à l’attention d’un ministre ou du premier ministre ne se rendent pas jusqu’à eux parce qu’ils se perdent dans les dédales de documents au gouvernement », écrit M. Johnston.
C’est un véritable problème qui n’est pas nouveau.
Justin Trudeau pourrait au moins nous dire ce qu’il va faire...
Poilievre est-il à la hauteur ?
Plutôt que de taper sur le clou de l’incompétence, de la négligence et de tous les autres problèmes gouvernementaux, le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, a préféré rappeler que M. Johnston a fait du ski avec Pierre Elliott Trudeau et sa famille.
Les conservateurs ont aussi accusé le gouvernement Trudeau d’être un traître qui avait d’abord à cœur les intérêts de Pékin.
Il nourrit sa base en colère, mais n’incarne toujours pas l’image d’un premier ministre en attente.
Le Bloc Québécois et le NPD n’avaient pas plus de solutions à proposer outre une enquête publique.
Jagmeet Singh pourrait mettre l’entente avec les libéraux sur la table pour obtenir cette enquête. Il ne le fait pas.
Malheureusement, nous sommes les spectateurs de ce triste spectacle politique.