Référendum volé: PSPP a raison de réclamer la pleine lumière sur les fraudes du camp du Non
Cela fait plusieurs années que Normand Lester, un des meilleurs journalistes des dernières décennies au Québec, en appelle à la pleine divulgation des archives du dernier référendum, notamment celles associées à la commission Grenier, qui a enquêté sur le financement du camp du Non.
Celui qui a enquêté sur Option Canada est convaincu, et plusieurs le sont avec lui, que l’ampleur de la fraude du camp du Non est bien plus vaste que ne le croient même les souverainistes les plus lucides, qui ne se font aucune illusion sur la morale démocratique de l’État canadien.
Paul St-Pierre Plamondon, le chef du Parti Québécois, vient de faire sienne cette revendication. Il a raison.
Vérité
Deux grandes raisons devraient nous pousser à le soutenir.
D’abord le souci de la vérité historique. L’État fédéral, pour l’emporter, n’a pas hésité à tricher, à frauder. Nous le savons depuis des années, mais il nous reste encore à savoir l’ampleur de la fraude, et toutes ses dimensions.
À l’échelle de l’histoire, faut-il le rappeler, le Canada s’est construit en misant sur la corruption des élites québécoises, pour les fidéliser aux différents régimes qui l’ont constitué, ce que Stéphane Kelly, dans un ouvrage devenu classique, a appelé La petite loterie. C’est le vrai fédéralisme rentable: les complices du régime fédéral ont pour fonction de faire accepter le Canada aux Québécois, en échange de quoi, ils profitent d’une situation socio-économique privilégiée au cœur du régime et des réseaux de pouvoir qui en dépendent.
Cette élite au service de ses maîtres fonctionne selon le principe du fédéralisme inconditionnel, et doit convaincre les Québécois de rester dans le Canada, quelles que soient les conditions de ce maintien. Robert Laplante, dans ses éditoriaux de L’Action nationale, analyse finement, chaque mois, la psychologie de ceux qui ont troqué la loyauté à leur peuple pour une position avantageuse dans le régime canadien.
On en revient aux archives du financement du camp du Non: les Québécois qui s’imaginent que le débat sur la question nationale met en scène deux camps débattant librement et à armes égales de l’avenir politique de notre peuple risqueraient alors de découvrir qu’Ottawa, et ceux qui servent le régime fédéral au Québec, ne fonctionnent pas du tout selon ces règles, et s’autorisent de la raison d’État pour conserver à tout prix l’intégrité territoriale de la fédération.
Nous avons tendance à sous-estimer, et même, à oublier, la nature du rapport de domination exercé sur le Québec dans le cadre du fédéralisme canadien.
Ce qui nous conduit à la deuxième raison.
Le Québec s’engage dans un nouveau cycle politique marqué par la renaissance de la question nationale. La question de l’indépendance travaille de nouveau le débat public, le nationalisme redevient le langage politique dominant, et tôt ou tard, se tiendra un nouveau référendum sur l’indépendance, qui sera décisif à la hauteur de l’histoire. Tout le monde le sent: les péquistes qui en rêvent, les caquistes qui ne savent pas quoi penser, les libéraux qui le redoutent, et les solidaires qui sont divisés sur cette question.
Domination
Les Québécois, pour s’y lancer, pour le préparer, doivent savoir sur quel terrain ils s’avancent, et jusqu’où Ottawa peut aller pour mater leur quête d’autodétermination. Autrement dit, une meilleure connaissance des jeux de coulisse du dernier référendum est essentielle pour mener une stratégie gagnante lors du troisième.
Alors nous y revenons: l’ouverture de ces archives est essentielle du point de vue de la connaissance historique et du point de vue de notre avenir politique. Reste à voir comment réagiront ceux qui peuvent les débloquer, les ouvrir au public.