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Changements importants à l’immigration: une ministre à l’écoute

Changements importants à l’immigration: une ministre à l’écoute
Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC

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L’immigration est un dossier chaud et complexe qui exige un regard à la fois empathique et cartésien sur des enjeux empreints d’émotion. 

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François Legault peut s’estimer heureux d’avoir une personne aussi engagée qu’expérimentée, Christine Fréchette, comme ministre de l’Immigration.

Car Legault, lui, n’a jamais porté suffisamment d’attention aux détails de ce dossier.

Par exemple, au lieu de s’appuyer sur des expertises relativement à la question linguistique, il s’est contenté d’ânonner une seule statistique, soit celle concernant la langue parlée à la maison, car elle faisait son affaire.

Par conséquent, il s’est toujours enlisé et l’immigration est devenue, pour la CAQ, un problème politique majeur.

Les nominations de Christine Fréchette à l’Immigration et de Benoît Dubreuil à titre de commissaire à la Langue française ont marqué le début de la professionnalisation de ce dossier jadis assombri par l’incompétence crasse de Simon Jolin-Barrette et des propos racistes de Jean Boulet.

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Elle propose et elle ose

Jeudi, Fréchette a fait une annonce marquant un tournant majeur de style et de substance, en immigration. Elle propose et elle ose.

Les vieux partis, notamment le PQ et les libéraux, auront du mal à monter une critique constructive sans tomber dans leurs vieilles ornières.

C’est un dossier chaud précisément parce que les Québécois comprennent la nécessité d’accroître l’immigration pour maintenir notre poids démographique et notre économie tout en se souciant de l’avenir de notre société unique en Amérique du Nord.

La ministre Fréchette propose de rehausser l’importance accordée à une connaissance du français appropriée au métier ou à la profession que l’aspirant immigrant souhaite exercer.

C’est en droite ligne avec l’entente Couture-­Cullen de 1978, qui donnait au Québec des pouvoirs exclusifs en immigration au sein du Canada. 

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Réponse à une inquiétude

Ce faisant, la ministre Fréchette répond à une préoccupation réelle d’un très grand nombre de Québécois.

Comme d’habitude avec ce genre de règle qui touche les gens directement, le diable se cache dans les détails et... dans l’attitude de ceux et celles qui seront responsables d’appliquer les nouvelles normes.

Par exemple, la ministre s’est beaucoup appuyée sur des exigences exprimées en matière de catégorisation de niveau de connaissance du français.

C’est bien dans un sens, car ça enlève le caractère aléatoire de l’appréciation.

Par contre, il faut faire super attention qu’une telle exigence objective sur la connaissance d’une langue ne devienne pas une évaluation subjective des origines ou de la provenance des aspirants immigrants vers le Québec.

J’ai été pendant quelques années commissaire à la Commission d’appel sur la langue d’enseignement et les cas les plus difficiles ne cadrent jamais avec les catégories déterminées d’avance par des fonctionnaires dans leurs bureaux...

Un bémol

La nouvelle politique propose des changements au volet Diplômés du Québec pour un des programmes les plus prisés, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ).

Telles que présentées dans les documents rendus publics jeudi, les nouvelles exigences semblent à la fois requérir une connaissance rehaussée du français EN PLUS d’avoir terminé trois années d’études secondaires et postsecondaires en français ici.

Si c’est bien le cas, il faut absolument la revoir, car un tel critère ne vise pas une compétence objective (c’est-à-dire une connaissance mesurée du français).

Il aurait pour effet d’exclure même des gens parfaitement bilingues qui auraient étudié à McGill ou Concordia, par exemple.

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