Martin Lévesque et sa conjointe étaient plongés dans des idées complotistes
Isolé et convaincu que le danger le guettait, le couple avait des comportements qui ont inquiété une ex-collègue de Lévesque, qui a signalé la situation aux «Anciens combattants»
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Martin Lévesque, accusé du meurtre de sa voisine, et sa conjointe étaient plongés dans des théories complotistes entourant la pandémie à un point où la situation a inquiété une ancienne collègue de l’accusé qui les a visités dans les semaines avant le drame.
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La major Véronique Jacques a connu Martin Lévesque sur la base militaire de Valcartier en 2013, étant sa supérieure durant environ un an et demi. Elle a continué à prendre des nouvelles de l’homme, pour qui elle avait beaucoup de respect, périodiquement durant plusieurs années et même après la sortie des Forces armées canadiennes de celui qu’elle appelle encore aujourd’hui «l’adjudant Lévesque».
À l’automne 2020, en visite chez ce dernier, elle a témoigné avoir remarqué des changements chez lui. Il semble isolé, avec sa conjointe, Guylaine Laflamme. Sans nouvelles pendant les mois suivants, Mme Jacques décide à l’été 2021 de «s’inviter» chez le couple pour prendre des nouvelles.
Trump, vaccin et contrôle de la population
La visite l’aura étonnée.
Quand elle leur demande pourquoi ils ne répondent plus à ses messages, la conjointe de Lévesque lui explique que c’est parce que leur ligne est sous écoute, selon eux.
«Les deux m’ont fait comprendre qu’ils avaient peur de la COVID. Que c’était une conspiration, que le gouvernement avait injecté le SIDA dans le vaccin et que c’était pour contrôler la population», a expliqué la témoin de la défense, qui s’est elle-même présentée à l’avocat de la défense Pierre Gagnon dans les derniers jours pour décrire cette situation.
Selon elle, le discours du couple était décousu, mais profondément ancré dans les thèses conspirationnistes.
«À leur avis, Donald Trump devait régner sur le monde», a-t-elle ajouté.
Martin Lévesque a également admis lors de son contre-interrogatoire avoir insulté une policière d’origine asiatique le soir du drame en raison de ses origines, estimant les pays asiatiques «responsables» de la pandémie.
C’est toutefois en visitant la maison de Lévesque que le déclic s’est fait pour la major Jacques. En arrivant dans l’une des pièces du sous-sol, des provisions exagérées de nourriture l’ont fait sursauter.
«S’il arrive quelque chose avec la COVID, on va être prêts», lui a expliqué Guylaine Laflamme.
Puis, dans la chambre à coucher, une barricade en sacs de sable attire son attention.
«Elle m’a dit: “Martin se prépare si jamais on se fait attaquer”. Pour elle, ça n’avait pas l’air d’être si anormal que ça», a expliqué au jury l’ancienne collègue de l’accusé.
Inquiète
Deux jours après sa visite, elle a décidé de contacter les «Anciens combattants» pour les aviser de la situation impliquant le vétéran, se disant préoccupée.
«Visiblement, ils étaient dans leur monde tous les deux», a souligné Mme Jacques, parlant d’apparence de signes d’hypervigilance, mais ajoutant n’avoir pas craint pour la sécurité de qui que ce soit.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle n’a pas alerté les policiers, n’ayant pas de motifs de croire que ce qui est arrivé arriverait.
«Je n’avais pas de raison de croire pour sa sécurité à lui ou la sécurité de personne», a expliqué la militaire en contre-interrogatoire.
Martin Lévesque a admis avoir tué sa voisine Patricia Sirois de six balles de pistolet 9 mm le soir du 10 septembre 2021.
Il plaide toutefois la non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux, soit un syndrome de stress post-traumatique lié à ses déploiements en théâtre de guerre. Le procès se poursuivra la semaine prochaine avec le témoignage des deux psychiatres experts mandatés par la défense et la Couronne.