Tina Turner est partie en ayant goûté au vrai amour, après avoir échappé à son bourreau
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Je ne me souviens pas d’une époque dans ma vie où Tina Turner aurait été absente. Dans chacune de ses incarnations, personnelles et musicales, elle était toujours là.
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Même son décès cette semaine à l’âge de 83 ans n’y changera rien. Parce que Tina Turner, que nul n’en doute, est éternelle.
Une femme entière, avant-gardiste, courageuse et déterminée. Une artiste et une voix uniques parmi les plus grandes. Une énergie irrépressible. Et ce sourire, toujours étincelant jusqu’au fond de ses yeux.
Jusqu’à ce qu’elle quitte son premier mari, Tina Turner était pourtant battue, humiliée et exploitée à répétition par lui. Derrière les grandes scènes, elle devait camoufler ses bras meurtris, sa mâchoire désalignée ou un œil fracassé.
Comme pour toutes les femmes victimes de violence, célèbres ou pas, il lui en faudra de la force et du caractère pour reprendre le contrôle volé sur sa vie. Mais Tina Turner ne s’est pas arrêtée là.
Une fois libérée de son bourreau, c’est la tête bien haute qu’elle a raconté son histoire au monde entier. Nous, les femmes, l’avons bien entendue. Mais elle ne s’est pas arrêtée là non plus.
Dans les années 1980, à sa mi-quarantaine, avec un nouveau producteur et une équipe d’enfer, elle vivra la plus grande renaissance de toute l’histoire de la musique moderne. Personnelle et professionnelle.
Une icône
Tina Turner était de retour... et pour longtemps. Plus forte, plus belle et plus libre que jamais. Son triomphe sur l’adversité était bouleversant à voir. Ultime survivante, elle devient une icône, dans le sens le plus noble du terme.
Cette icône, je l’ai vue pour vrai. De mémoire, c’était un 4 juillet 1993. Au Forum de Montréal, la reine du rock nous est apparue dans toute sa splendeur. Je le sais parce que j’y étais.
L’atmosphère était électrique. Dès ses premières notes, c’était fini. Nous étions tous conquis. À la vie à la mort. Tina Turner For Ever. Je l’ai vue capable de communier avec nous, son public ébahi, avec l’ardeur d’une héroïne ressuscitée.
Sa voix puissante, son sourire magique, ses jambes qui n’en finissaient plus et sa manière enflammée de danser comme si le sort même de l’humanité en dépendait, je ne les oublierai jamais.
En pleine rédemption, Tina Turner rencontre aussi l’amour. Enfin. Le vrai. Ce sera le jeune Erwin Bach. Jusqu’à son dernier souffle, c’est avec lui qu’elle vivra ses 38 prochaines années.
Un grand amour
Dans le documentaire Tina, produit en 2021 pour HBO, elle raconte comment, avant Erwin, elle n’avait jamais vraiment connu l’amour. Jamais un homme ne lui avait même dit qu’elle était belle ou ne l’avait traitée avec dignité.
Dans Tina, elle parle librement de son Erwin. Comment ils sont tombés amoureux dans le tourbillon d’une tournée mondiale. Comment elle a découvert chez lui un homme d’une beauté indéniable, mais surtout un être bon, droit et d’une grande douceur.
Émue, elle le décrit comme un homme profondément aimant et protecteur. Son admiration et son respect pour celle qu’il épousera ne fléchiront d’ailleurs jamais.
En 1993, le superbe film biographique What’s love got to with it, racontait la première vie de Tina Turner jusqu’à son retour retentissant en solo. Film qu’elle n’a pas voulu voir puisqu’il lui rappelait les souffrances de son premier mariage.
Il reste toutefois à faire ce film dont je rêve. Celui du récit inspirant de sa renaissance et de son grand amour avec Erwin Bach. Un amour aussi éternel que Tina Turner le demeurera elle-même dans nos cœurs.