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«L’Osstidcho»: un spectacle révolutionnaire raconté à Télé-Québec

Le documentaire «L'Osstidquoi? L’Osstidcho!» est présenté le dimanche 28 mai, à 20h, à Télé-Québec.

Louise Forestier, Yvon Deschamps, Mouffe et Robert Charlebois sur scène dans le spectacle «L'Osstidcho», en 1968.
PHOTO FOURNIE PAR TÉLÉ-QUÉBEC Louise Forestier, Yvon Deschamps, Mouffe et Robert Charlebois sur scène dans le spectacle «L'Osstidcho», en 1968.

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Robert Charlebois, Yvon Deschamps, Louise Forestier et Mouffe sont passés à l’histoire grâce à L’Osstidcho, cette grande messe culturelle révolutionnaire dont on n’osait même pas prononcer le nom à sa création, en 1968.

À l’émission Aujourd’hui de Radio-Canada, le titre était trop blasphématoire pour être même nommé, «à heure d’écoute familiale». Les gens qui appelaient au Théâtre de Quat'Sous, à Montréal, pour obtenir des billets étaient tout aussi frileux. Ils disaient: reste-t-il des sièges pour l’«Os... de show»?...

Et on n’assumait pas le titre sur l’affiche, constituée d’un cercle (pour le «O») au centre duquel était écrit « ... de chaux»...

C’est la genèse et les répercussions positives de cette revue collective montée il y a 55 ans, véritable théâtre de la contreculture, qui sont racontées dans le documentaire LOsstidquoi? L’Osstidcho!.

Il faut dire que le Quat’Sous devait accueillir la nouvelle création Les Belles-Sœurs, de Michel Tremblay, pièce désormais mythique qui fut déplacée au Théâtre du Rideau Vert, laissant un trou de trois semaines dans la programmation du «4 sous». Deschamps entreprit alors de proposer une revue, rejoint rapidement par les trois autres complices qui voulaient faire les choses autrement, en dehors du cadre établi.

Le metteur en scène Paul Buissonneau, agacé par la fougue des jeunes artistes – Mouffe avait 21 ans, Charlebois 24, Forestier 26 et Deschamps 33 –, déclara avec l’impétuosité qu’on lui connaissait: «Puisque c’est comme ça, fourrez-vous-le dans l’cul, votre hostie de show!» selon Charlebois, ce qui permit de trouver le titre du spectacle.

«On voulait révolutionner, refaire tout!» mentionne ce dernier, qui a adopté la guitare électrique à partir de ce moment, lui qui revenait de la Californie de Jimi Hendrix et de Jefferson Airplane.

«On n’était pas obligés d’avoir du succès, alors on voulait faire toutes les niaiseries qui nous passaient par la tête», dit pour sa part Deschamps dans le documentaire, ajoutant avec humilité: «C’était tout croche notre affaire.»

En plus de Charlebois, Deschamps, Forestier et Mouffe, tous de blanc vêtus – la couleur de l’hostie et de la lumière post-Duplessisme –, L’Osstidcho mettait en vedette le Quatuor de jazz libre du Québec.

Louise Forestier, Yvon Deschamps, Mouffe et Robert Charlebois sur scène dans le spectacle «L'Osstidcho», en 1968.
PHOTO FOURNIE PAR LE POUN

Quête d'émancipation

Le Québec a fait bien du chemin depuis cette époque marquée par la fin de Révolution tranquille. En 1968, la province était en ébullition: les églises se vidaient, le général de Gaulle avait scandé «Vive le Québec libre!» et les Québécois avaient découvert le monde grâce à Expo 67. Les jeunes brassaient la cage en Europe et on venait d’assassiner Martin Luther King, celui qui appelait à l’égalité de tous les êtres humains, un enjeu qui résonnait chez les Canadiens français, ces porteurs d’eau soumis à la pauvreté.

L’historien Éric Bédard rappelle d’ailleurs dans le documentaire que l’année 1968 a été marquée par «la quête d’émancipation d’un peuple» sur les plans économique et politique, par les débuts du mouvement indépendantiste et par l’émergence de l’État-providence. «Le fond de scène de ces grands événements, c’est une révolution culturelle», souligne-t-il.

Charlebois, Deschamps, Forestier et Mouffe ont tous connu une carrière enviable. Ils ont été portés par le matériel créé dans L’Osstidcho, comme les chansons Lindberg et California ou le monologue de Deschamps Les unions, qu’ossa donne?, qui a mis la table pour sa grande carrière d’humoriste. Ils ont revendiqué leur place, leur liberté dans la création et fait résonner le joual, la langue de tous les jours de ceux qu'on n'entendait jamais sur scène.

Dans le documentaire réalisé par Louis-Philippe Eno, on replonge dans les archives. Et on ajoute de la perspective à l’ensemble en donnant la parole à beaucoup de personnalités inspirées qui, avec leurs mots de 2023, parlent de l’importance de L’Osstidcho. Pensons ici à Marie-Christine Blais, Louise Bombardier, Dominic Champagne, Pierre Lapointe, Louise Richer, Michel Rivard, Marcel Sabourin et Michel Tremblay.

Adib Alkhalidey, dont le plus récent spectacle s’intitule Québécois Tabarnak, est, à sa façon, un héritier de L’Osstidcho

«J’adore qu’un titre porte un sacre; pour moi, c’est une prise de position qui s’enracine dans le peuple», avance-t-il.

Pour les passionnés d’histoire, les 90 minutes de l’exercice valent vraiment le détour, car on remonte le temps pour comprendre d’où l’on vient. On est à même, après coup, de constater tout le chemin qui reste à parcourir.

Produit par Les Films La Tribu, le documentaire L’Osstidquoi? L’Osstidcho! est présenté le dimanche 28 mai, à 20h, à Télé-Québec.

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