Un nouveau joueur dans l’univers du cannabis
Cannaprime a lancé sa production à Notre-Dame-de-Montauban
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Les difficultés de certains gros joueurs de l’industrie du cannabis ne semblent pas diminuer l’enthousiasme de Cannaprime, qui a débuté la production de cannabis à ciel ouvert à Notre-Dame-de-Montauban, en Mauricie.
Canopy Growth a annoncé en février la suppression de 800 emplois, soit 60% de ses effectifs. Deux mois plus tard, le plus gros joueur de l’industrie au Canada procédait au refinancement de 100 millions de dollars d’obligations.
«On s’est rendu compte que beaucoup d’entreprises se sont lancées en voulant tout faire à la fois. Le secret est de se concentrer sur ce qu’on sait faire avec passion, et de transmettre cette passion aux employés. Arriver maintenant, c’est aussi d’avoir la chance d’apprendre des erreurs des autres», croit Jean-Sébastien Guay, directeur général de Cannaprime.
L’entreprise a tout d’abord entamé la construction d’un bâtiment de 53 000 pieds carrés (trois fois la superficie de la glace d’un aréna) pour la production à l’intérieur à Saint-Prime au Lac-Saint-Jean en 2021. Mais la culture n’a pas encore commencé.
«Le permis [de production] à Saint-Prime devrait entrer dans les prochaines semaines», fait remarquer M. Guay.
Cannaprime a débuté le recrutement d’employés à Notre-Dame-de-Montauban en avril 2022, mais comme le permis de production n’a été accordé qu’en août, l’entreprise a dû faire l’impasse sur la dernière saison.
Les plans maturent actuellement en serre et seront bientôt plantés au champ.
Prochaine étape
Un bâtiment ouvrira également ses portes dans cette municipalité de 760 habitants. L’étape post-culture (taille finale, transformation, emballage) de la production locale et de celle de Saint-Prime y sera réalisée.
«Nous voulons créer des emplois 12 mois par année à Notre-Dame-de-Montauban», révèle M. Guay.
À terme, il estime qu’une quarantaine de personnes travailleront dans la municipalité de la MRC de Mékinac, chiffre qui dépassera la centaine en période estivale.
Saint-Prime – une municipalité de 2800 habitants – emploiera de 50 à 60 personnes par an. Il avance un investissement total «de 25 à 30 millions de dollars».
«L’idée derrière Cannaprime, c’est de faire des produits artisanaux qui vont refléter l’aspect régional, comme on voit avec les bières de microbrasserie. On veut aussi contribuer au soutien économique des régions et mettre de l’avant leur caractère et la passion des gens», affirme le directeur général.
Éventuellement, Canaprime souhaite distribuer ses produits ailleurs au Canada et même dans le monde, «mais on veut commencer localement», soutient Jean-Sébastien Guay.
Variétés
Le cannabis produit à Montauban sera à dominance en CBD (cannabidiol) un composé non psychotrope – à l’inverse du THC – réputé pour favoriser la détente et considéré dans le jargon comme davantage thérapeutique.
Selon l’humeur de dame Nature, la capacité de production sera d’environ 11 400 kg de fleurs séchées annuellement.
À Saint-Prime, plutôt que de consacrer une grande salle à une production unique, la production se fera par «beaucoup de petits lots [...] pour mettre de l’avant le contrôle de qualité des produits». Un lot «dont elle ne serait pas trop fière», pourrait donc ne pas être mis sur le marché sans sacrifier toute la production.
«Dépendamment des génétiques, on parle de cinq à cinq récoltes et demie par chambre pour une production d’environ 3200 kg de fleurs séchées annuellement», avance Jean-Sébastien Guay.
Éventuellement, la production par petits lots à Saint-Prime permettra d’offrir un produit récréatif «pour les connaisseurs, notre porte-étendard haut de gamme», dit-il.
Cannaprime distribuera ses produits sous trois marques de commerce qui seront dévoilées bientôt.
Attente
Il faudra cependant patienter probablement jusqu’au début de 2024 pour goûter au cannabis de l’entreprise.
La SQDC fait ses achats lors de deux appels d’offres annuels, le prochain ayant lieu en septembre. La récolte n’aura alors pas encore commencé.
Avis à ceux qui auraient l’idée de profiter de la pleine lune pour aller faire un tour à Notre-Dame-de-Montauban; «le champ est complètement clôturé, c’est impossible de s’y rendre sans être pris par une caméra», souligne Jean-Sébastien Guay.