Relance du Parti libéral du Québec: un débat sur le nationalisme crée des remous au conseil général
Deux visions s’affrontent sur la place du nationalisme dans la relance du Parti libéral du Québec. Des militants souhaitent un retour à la défense de la nation québécoise, mais cette initiative a été fortement contestée en conseil général.
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Réunis en conseil général à Victoriaville, les 400 membres du PLQ présents espéraient voir la formation renaître de ses cendres ce week-end, à la suite de la pire défaite électorale de son histoire. La question du nationalisme québécois au PLQ a pris toute la place, non sans accroc.
Alors que le parti est miné par des sondages catastrophiques chez la majorité francophone, le président du comité de relance, André Pratte, assure qu’il n’y a pas de fissure auprès des membres. «Il n’y a pas de panique, il n’y a pas de chicane, il n’y a pas de déchirure», a insisté M. Pratte.
L’ex-président de la commission politique du PLQ, Jérôme Turcotte, a cependant volé la vedette et pimenté ce conseil général. Ce dernier a écrit, vendredi, que les nationalistes québécois se sentaient marginalisés au PLQ.
Fatigué, il «range» sa carte de membre dans un tiroir. Il est inquiet de voir le parti «traversé par un certain courant de nationalisme canadianisant». Il soutient que «le Québec a besoin de tout sauf d’une succursale provinciale du PLC».
Il a notamment tenu un discours hautement nationaliste.
«Il faut qu’ils prennent les positions les plus inconfortables qui soient vers le centre, pour aller vers cet électeur-là: francophone, nationaliste et libéral afin que l’on redevienne cette grande tente qui rassemble tout le monde.»
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«Un peu fort»
Or, le comité de relance et les ténors du parti ont semblé rejeter du revers de la main les appréhensions de M. Turcotte, qui signale que les nationalistes se sentent isolés au PLQ et qu’un examen de conscience doit être fait.
«Le mot examen de conscience est un peu fort», a affirmé le président du comité, André Pratte. «Il y a certainement une réflexion à faire. Notre comité est là pour faire cette réflexion [...] et dire comment le Parti libéral exprime son choix pour défendre le Québec et ses valeurs.»
Seul le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay, a soutenu que le parti pourrait revoir sa position sur le nationalisme, mais il assure qu’il y a déjà de la place pour eux. «Ça fera partie des discussions importantes», a-t-il dit.
Visions irréconciliables?
En après-midi, les militants se sont d’ailleurs déchirés sur la place du Québec à l’intérieur du Canada, le nationalisme et la langue française. Le député Monsef Derraji a confirmé son côté nationaliste en affirmant que le Québec ne devait pas être un «béni-oui-oui» face au gouvernement fédéral.
En parallèle, un militant du comté de Laporte a proposé de céder l’ensemble du champ de compétence en santé au gouvernement fédéral, recevant des applaudissements.
Le nationalisme est un «concept extrêmement divisif», a ajouté un militant de Westmount–Saint-Louis, Thomas Rolain. Le choc a parfois semblé brutal entre ceux qui veulent promouvoir d’abord la Nation québécoise dans la fédération et ceux pour qui la défense des droits des minorités demeure la priorité.
La course se fait attendre
Les potentiels candidats à la succession de Dominique Anglade devront attendre encore un peu avant de connaître les règles de la course. Plusieurs noms circulent et les équipes semblent s’activer sur le terrain.
«Je suis en train de me faire une tête à savoir si ça me tente ou pas de me lancer», a souligné l’élu de Marguerite-Bourgeois, Frédéric Beauchemin, ajoutant que le développement économique est sa priorité. Le mot nationalisme était d’ailleurs sur toutes les lèvres. «Le nationalisme que moi je vois, il est inclusif, pour que tout le monde puisse participer», a expliqué M. Beauchemin.
Également questionné à ce sujet, le député de Nelligan, Monsef Derraji, a assuré qu’il ne profiterait pas du conseil pour faire du démarchage.
«Je suis là comme militant du Parti libéral [...] J’attends les règles et je me concentre sur mon travail en tant que leader», a-t-il signalé. «Je suis un nationaliste.»
Ce qu’ils ont dit
«Il y a une érosion de la base militante [...] Encore faut-il que tous les gens qui ont laissé le parti en silence nomment ce qui les a poussés à quitter.»
– Jérôme Turcotte
«Moi, la défense des valeurs québécoises, c’est important. Moi, la défense de l’autonomie provinciale, c’est important. Des fois, on se sent un peu seul à le dire parce que le PLQ fait passer ces messages-là en dessous du tapis.»
– Le militant Maxime Binette
«Le Parti libéral vit une période difficile, on le concède sans problème. Maintenant, sortir de cette période difficile va exiger une réflexion sur plusieurs aspects.»
– André Pratte
«On commence la relance. Il y a un mot clé pour les libéraux, assumez-vous.»
– Antoine Dionne Charest
«Il faut mieux faire. Il faut clairement mieux faire. [Avec] le nationalisme d’un Québec fort dans un parti qui est fédéraliste.»
– Le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay
«M. Legault n’a pas une exclusivité sur un concept de nationalisme. Je suis une francophone et le français, c’est extrêmement important. Je suis une personne bilingue, je veux qu’on défende les intérêts du Québec au sein du Canada.»
– L’élue de Mont-Royal–Outremont, Michelle Setlakwe
«On est encore loin d’une élection [...] On n’est pas en campagne électorale.»
– Le député de Nelligan, Monsef Derraji