Je suis scandalisé qu’on n’ait pas honoré Michel Côté de son vivant
Proulx

François Legault, ce retardataire dans tout ce qu’il dit et projette, avait promis l’Ordre national du Québec à Michel Côté, monument de la culture québécoise, qui nous a quittés lundi.
Michel Côté était profondément aimé de son peuple.
Tel un Jack Nicholson national, capable de se glisser dans la peau de n’importe qui, il était un vulgarisateur de l’âme québécoise, tant dans ses caricatures que dans ses aspects les plus nuancés.
Un interprète qui, par son talent et sa personnalité, aura touché le cœur de nos générations.
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Trop peu, trop tard
Ainsi, comme tout le Québec, je suis chagriné de voir un si grand artiste s’en aller trop tôt, mais je suis surtout scandalisé qu’il n’ait pas reçu cet honneur de son vivant.
Rappelons que l’Ordre national du Québec est la plus haute distinction remise par le gouvernement et qu’elle ne se décerne que très rarement à titre posthume.
Or, nous savions, depuis un certain temps, qu’il était malade, alors je pose la question: pourquoi avoir lambiné de la sorte jusqu’à ce qu’il soit trop tard?
Qui plus est, devant ceux qui furent promptement décorés pour n’avoir, finalement, que peu contribué à l’élévation du Québec?
Occasion manquée
Il aura beau confesser sa noble intention a posteriori, François Legault ne peut abriller la réalité d’une occasion tristement manquée de rendre hommage à ce véritable bijou québécois.
Ni que cette omission démontre comme la sélection des candidats relève, non pas du mérite, mais d’un calcul.
D’un calcul qui n’appartient pas à un comité décideur, mais au premier ministre, à qui revient le dernier mot.
Car, au Québec, on récompense, certes, mais seulement si on ne fait pas trop de vagues.
Et, s’il est déplorable que les politicailleries aient empire sur notre devoir de mémoire, le peuple qu’il aura fait rire et pleurer, lui, n’oubliera jamais Michel Côté.