Les républicains se chicanent maintenant en public et c’est malaisant
L’histoire des États-Unis depuis le début du 20e siècle a été bien peu marquée par la présence de tiers parti ou de candidats indépendants. Bien peu de Theodore Roosevelt, de Ross Perot ou de Ralph Nader pour diviser le vote des deux grandes formations.
Par contre, démocrates et républicains s’assurent régulièrement de récupérer et d’intégrer des mouvements ou des factions qui leur permettent d’élargir leur électorat. Cela ne se fait pas toujours sans heurt et sans divisions.
Le Parti républicain paie une facture salée
Si les démocrates peinent à serrer les coudes et qu’ils avaient la fâcheuse habitude de laver leur lige sale en famille, ce sont présentement les républicains qui exposent leurs querelles intestines sur la place publique.
Vous avez peut-être en mémoire le cirque surréaliste d’élection de Kevin McCarthy au poste de speaker de la chambre. Étonnamment solidaires depuis cet épisode disgracieux, les sept ou huit candidats les plus déjantés se manifestent ces jours-ci en menaçant de s’opposer à l’entente pour relever le plafond de la dette.
- Écoutez la chronique de Luc Laliberté, chaque mercredi au micro de Richard Martineau, disponible en balado sur QUB radio :
Alors que le meneur McCarthy défend le compromis en affirmant, avec raison, qu’il a forcé le président à négocier, les huit rebelles souhaitent faire dérailler le processus. Ils vont jusqu’à menacer de proposer un vote pour tasser McCarthy!
Le speaker va survivre à cette crise et il y a de bonnes chances qu’un nombre suffisant de démocrates modérés appuient leurs collègues républicains pour que l’entente survive à un vote à la chambre. N’en demeure pas moins que l’image du parti est entachée alors qu’on s’approche rapidement d’une année électorale.
Chez les démocrates, on affiche une belle solidarité tout en permettant aux plus progressistes d’exprimer leur désaccord. Même s’il a peu d’expérience dans son poste de meneur de la minorité démocrate, Hakeem Jeffries se comporte comme le digne successeur de Nancy Pelosi.
Vous imaginez le scénario d’une chambre à majorité républicaine votant en faveur de l’entente, mais en raison d’un fort appui démocrate? On percevrait alors Joe Biden comme un fin stratège!
Le chemin de croix mène au sénat
J’ai bon espoir que l’entente franchira le premier écueil, celui de la chambre, mais pour éviter un premier défaut de paiement de la dette, il faut également que le sénat approuve.
De ce côté, Joe Biden et Mitch McConnell, deux vieux routiers qui ont siégé au sénat en même temps, n’en sont pas à une première collaboration (ils s’étaient associés en 2011). Depuis plusieurs jours, McConnell s’est montré très discret, mais il sait mieux que quiconque que le moment de s’imposer approche.
Une fois encore, la fronde pourrait survenir du côté des éléments les plus radicaux. Certains se promettent déjà d’étirer la période des débats, prolongeant ainsi le contexte d’incertitude tout en défiant leur meneur.
McConnell saura-t-il forcer la main de cinq à dix des siens (cible approximative) avant la date butoir du 5 juin? Les prochains jours ne manqueront pas d’action!