Le plus ancien policier du Canada a arrêté des bandits pendant 58 ans à Longueuil
Le sergent a pris sa retraite bien méritée
Un sergent de Longueuil qui est le plus ancien policier en service au Canada prend une retraite méritée après 58 années à protéger la population, arrêter des bandits et résoudre des enquêtes sans jamais perdre la flamme pour son métier.
Le sergent Lionel Bourdon, âgé de 78 ans, s’est souvenu cet après-midi du sentiment qui l’a habité quand il a enfilé pour la première fois son uniforme en juin 1965: «C’était une fierté de le porter, surtout quand tu as toujours voulu être policier.»
À l’époque, il gagnait 72$ par semaine, s’est-il rappelé avec un sourire en coin.
«Il ne s’est jamais levé un matin en disant que ça ne lui tentait pas. Ce n’est jamais arrivé», a souligné fièrement sa femme, Francine Bonin-Bourdon, qui en a vu de toutes les couleurs à travers les années.
Le dernier appel
Cet après-midi, ses collègues du Service de police de l’agglomération de Longueuil lui ont organisé une haie d’honneur pour son départ à la retraite sous le son traditionnel d’une cornemuse.
Même des confrères de plusieurs autres corps policiers, dont la Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale du Canada et le Service de police de la Ville de Montréal, et la cavalerie se sont déplacés sur la Rive-Sud pour l’occasion.
Lionel Bourdon a pris le mégaphone d’une autopatrouille et a dit symboliquement: «10-19», ce qui signifie «appel terminé» dans le jargon policier québécois.
«Je n’en reviens pas, il va falloir que je décante tout ça. C’est la première fois que je vois un au revoir comme ça. Je trouve qu’ils ont réellement mis le paquet», a confié le sergent, qui a occupé plusieurs postes au cours de son impressionnante carrière, dont 13 ans aux enquêtes criminelles.
L’enquête qui l’a le plus marqué est sans aucun doute le dossier de la Wells Fargo en 1978. À l’époque, six hommes armés avaient enlevé le gérant d’une succursale à Longueuil ainsi que des membres de sa famille et l’avaient forcé à ouvrir le coffre-fort pour voler au moins un million de dollars.
«On a travaillé avec la Sûreté du Québec parce que c’était trop gros. Ç’a été très intéressant, j’ai beaucoup appris dans cette période», a fait savoir le sergent.
- Écoutez son entrevue à l’émission de Benoit Dutrizac via QUB radio :
Un rêve de jeunesse
Aussi loin qu’il se souvienne, Lionel Bourdon rêvait de devenir policier. «Quand j’étais jeune, je demeurais en face du poste à Longueuil et tous les jours, je voyais les policiers arriver, revenir à la fin de leur quart. On les connaissait, car la ville était petite, on parlait avec eux», raconte-t-il.
En 58 ans, «tout a changé» dans son métier, estime celui qui était dernièrement sergent à l'escouade de la sécurité routière. Il cite en exemple l’analyse de l’ADN pour résoudre des enquêtes, les armes à feu et radars qui ont évolué ainsi que l’arrivée des femmes dans les postes au tournant des années 80.
«Au début [de ma carrière], la ville était petite et on faisait de la patrouille à pied sur la rue Saint-Charles. On rencontrait les commerçants, on allait vérifier que leurs portes étaient bien verrouillées la nuit. Il y avait une proximité différente», se souvient-il.
Malgré son dernier quart de travail effectué aujourd’hui, M. Bourdon a bien l’intention de rester impliqué dans son métier, car il souhaite mettre sur pied un musée de la police à Longueuil.