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Nos enfants «capotent» et c'est largement de notre faute



Dans un monde à l’endroit, on salue la concurrence quand elle fait du bon travail.

La journaliste Marie-Ève Fournier a publié, dans La Presse du 28 mai, un reportage fascinant sur la détresse de nos jeunes.

C’est un sujet dont j’ai souvent traité.

Crise

L’école d’aujourd’hui, cher lecteur, n’a plus rien, absolument plus rien à voir avec celle que vous et moi avons connue.

Au primaire et au secondaire, un enfant sur quatre a des problèmes d’hyper-activité, d’agressivité, d’autisme, d’incapacité à se concentrer, des troubles de langage, etc., et c’est en constante augmentation.

Des enfants font des crises d’une violence inouïe en hurlant: «J’ai le droit, j’ai le droit!».

L’école appelle la police pour maîtriser des enfants de 7 ans. D’autres fois, l’ambulance les emmène. 

L’école jette parfois l’éponge, se disant incapable de les scolariser.

Une peine d’amour conduit des ados à l’urgence.

Les problèmes de santé mentale n’ont jamais été aussi nombreux, aussi lourds, et se multiplient.

«Et puis les enfants ne s’endurent pas! Ça ne peut pas faire autrement quand ça fait des années que tu joues seul sur une tablette!», dit une enseignante du primaire.

«Les enfants ont de la misère dans les relations avec les pairs, dans leur façon de s’adresser aux autres», dit une éducatrice spécialisée.

Leur anxiété n’a rien à voir avec la nervosité normale qui précède un examen.

«Certains n’explosent pas, mais ils n’apprennent rien», ajoute-t-elle. Le corps est là, mais pas la tête. 

«Les jeunes ne bougent plus ! Ils arrivent à l’école avec un surplus d’énergie. [...] Tu leur demandes ce qu’ils ont fait en fin de semaine et ils n’ont rien fait. Ils l’ont passée sur leur téléphone, dans leur chambre, à chiller sur les réseaux sociaux», dit un autre éducateur. 

Bref, pas étonnant qu’on manque de profs.

Mais il y a plus que les funestes écrans.

Ils sont anxieux, explique un neuro-psychologue, parce qu’ils n’ont pas développé leur confiance dans leur capacité à surmonter les difficultés.

Pourquoi? Parce que les parents, voulant leur éviter l’échec, ont nivelé le terrain devant eux.

Voilà selon moi le vrai cœur de l’affaire.

Biologiquement, l’humain a besoin de défenses naturelles, d’anticorps produits par son système immunitaire.

C’est pareil pour la vie sociale. Pas de difficultés à surmonter, donc pas d’entraînement, donc mauvaise forme et absence de confiance.

Nous sommes passés du souci louable de protéger les plus vulnérables à l’obsession de bannir tous les risques, toutes les difficultés de la vie des enfants.

Ils ne sont pas outillés, et donc s’effondrent ou agressent à la moindre contrariété.

Nous avons oublié que le combat renforce. 

«Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort», disait Nietzsche en 1888. 

Esprit

Parallèlement, la censure monte en flèche dans nos sociétés. Le lien est évident. C’est l’obsession de la sécurité. 

Si on protège le corps à coups de pilules, protégeons l’esprit en effaçant ce qui pourrait le troubler.

Formidable époque...







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