Une odeur d'âgisme avec la fin du livret vert chez Desjardins
Legault

Radio-Canada rapporte que pour les membres du mouvement Desjardins, dès cet automne, il en sera fini de son mythique livret de caisse. Sa création remonte pourtant à 120 ans. Comme quoi, les temps changent, mais pas toujours pour le mieux.
Dans nos sociétés hyper informatisées, ça peut sembler logique. À l’opposé, pour tous ceux et celles qui y tiennent, surtout des personnes âgées ou vulnérables, ça s’annonce moins jojo.
Desjardins a beau promettre de bien «accompagner» ses clients obligés bientôt à faire leur deuil de «leur» livret personnel – et nul doute que ce sera fait –, il est néanmoins difficile de ne pas y voir une trace d’âgisme.
Tout s’automatise, mais à quel prix? De plus en plus de grandes bannières troquent aussi leurs caissières pour des caisses libre-service. Exit le sourire de la caissière ou du caissier. Exit la petite jasette qui venait avec.
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Humains en chair et en os
Idem chez Desjardins et certaines grandes banques. Depuis des années, les humains en chair et en os qui, derrière leurs comptoirs, nous accueillent et nous aident se font de plus en plus rares. Une espèce en voie d’extinction.
Pour plusieurs personnes seules, aller à sa caisse pour mettre à jour son livret est pourtant une belle occasion de socialiser. Et, au besoin, de se faire conseiller sans passer par une boîte vocale sans âme.
Dans nos «transactions» bancaires ou commerciales, au nom de la sacro-sainte rapidité d’exécution, doit-on vraiment jeter à la poubelle ce qu’il nous reste encore dans notre monde de rapports humains?
Nos vies encapsulées
Nos vies sont-elles condamnées pour de bon à se voir encapsulées dans nos téléphones dits intelligents? La réponse, je le crains fort, est oui.
Dans toute société, il y a pourtant de ces repères qu’on devrait pouvoir conserver. Ne serait-ce également que par souci de mémoire. Ça fait un brin vieux jeu, mais le livret bancaire en faisait partie.
La réalité est que depuis 120 ans, il y avait quelque chose de nous dans ce petit livret Desjardins. On n’arrête pas le progrès, qu’on dit. Des fois, on devrait peut-être le faire...