Les Québécois ont dépensé 12 M$ pour tenter de sauver, en vain, deux résidences pour aînés qui feront faillite
Les résidences Floralies de Lasalle et de Lachine étaient sous la tutelle de l’État depuis septembre 2022, car elles maltraitaient les aînés
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Les contribuables québécois ont déboursé plus de 12 M$ pour tenter de ramener à flot deux résidences pour aînés, une opération vaine puisque l’entreprise est sur le point de déclarer faillite.
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En graves difficultés financières, les résidences Floralies de LaSalle et de Lachine avaient été mises sous la tutelle de l’État en septembre dernier en raison de graves négligences envers les aînés. Le réseau de la santé avait alors été forcé d’y mobiliser d’urgence 160 employés, d’acheter du matériel et d’embaucher à forfait des gestionnaires.
Questionné par notre Bureau d’enquête, le CIUSSS a indiqué que la créance des Floralies envers l’État québécois s’élevait à presque 12 M$, en date du 31 mars dernier. L’établissement de santé n’est cependant pas en mesure d’indiquer quelle portion de ce montant Québec arrivera à récupérer. «Les mesures applicables pour recouvrir les sommes dues dans le cadre d’une faillite seront appliquées», s’est limité à dire la porte-parole du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île, Hélène Bergeron-Gamache.
En novembre dernier, la ministre responsable des aînés, Sonia Bélanger, avait indiqué que l’État québécois devait «s’attendre, éventuellement, à ce que l’entreprise assume ses responsabilités financières».
Les Floralies sont la propriété de Vivalto, un des plus importants joueurs de France dans l’hébergement pour aînés. La fortune de son fondateur, Daniel Caille, le place 232e quant aux personnes les plus riches de France, selon le magazine économique Challenges.
D’autres créanciers?
On peut logiquement prévoir que Québec ne sera pas la seule entité à réclamer des sommes lors de la faillite, qui doit s’officialiser lundi. Trois entreprises, dont des agences de placement, ont récemment entamé des poursuites civiles contre les résidences Floralies, totalisant plus de 500 000$.
C’est notamment le cas d’une entreprise à numéro qui réclame 415 000$ aux Floralies dans une cause civile entamée le 13 mai dernier, alléguant ne pas avoir reçu paiement pour ses services d’infirmières et de préposés aux bénéficiaires. L’agence de placement était impliquée aux Floralies depuis que Québec a pris contrôle de l’administration des résidences.
Toujours des résidents sur place
Malgré la faillite imminente, une trentaine de résidents logent toujours aux Floralies de LaSalle et de Lachine. Québec avait annoncé, à la mi-avril, avoir l’intention de déménager l’ensemble des quelque 190 résidents, dont une cinquantaine en grande perte d’autonomie.
Le CIUSSS assure que d’ici une semaine, «la très grande majorité des résidents auront déménagé dans d’autres milieux de vie correspondant à leurs besoins».
Il existe cependant des «cas particuliers», pour lesquels des «discussions sont en cours afin d’identifier des solutions, et ce, toujours pour le bien-être des résidents».
Vendredi dernier, les résidences Floralies ont annoncé leur faillite prochaine, accusant au passage le CIUSSS d’en être responsable en raison du déménagement forcé des résidents. Les problèmes de l’entreprise remontent toutefois à plusieurs mois. En novembre dernier, un enquêteur spécial dépêché par Québec avait conclu que «de la maltraitance sous toutes ses formes» avait eu lieu dans ces deux résidences. Il a aussi fait état de multiples manquements en ce qui a trait aux ressources matérielles et humaines.
Le groupe Vivalto possède une autre résidence pour aînés au Québec, soit le Manoir Saint-Joseph, située dans le quartier Ahuntsic.
– Avec la collaboration de Ian Gemme