Remparts: dans les coulisses de la construction d'une équipe championne
KAMLOOPS | Les Remparts de Québec sont les champions de la LHJMQ et feront partie de la finale de la Coupe Memorial. Cette équipe, bâtie «pierre par pierre», comme l’a souvent mentionné le président de l’équipe, Jacques Tanguay, est à la fin de son parcours. Un parcours qui a débuté lors du repêchage de 2018. Le Journal vous amène dans les coulisses de certains moments charnières de la construction de cette équipe championne.
La première pierre
Il ne reste qu’un joueur du repêchage de 2018 avec les Remparts avec l'équipe cette année, et non le moindre. Après avoir sélectionné le gardien Kevyn Brassard avec leur premier choix de cet encan, en troisième ronde, les Remparts avaient jeté leur dévolu sur un défenseur natif du Nouveau-Brunswick, Nicolas Savoie, en quatrième ronde. Ce dernier avait l’intention de poursuivre sa route du côté américain et avait une entente verbale avec les Friars de Providence, dans la NCAA.
«C’était un joueur physique mais au niveau qu’il jouait, il y avait beaucoup de différence entre les bons et les moins bons. À certains moments, il était dominant offensivement et tu voyais que c’était un compétiteur. En quatrième ronde, quand on a vu qu’il était encore disponible, on n’avait pas le choix de le réclamer», se rappelle Christian Vermette, ancien dépisteur-chef des Remparts maintenant à l’emploi des Oilers d’Edmonton.
Les Remparts avaient ensuite eu besoin de dérouler le tapis rouge à la famille de Savoie pour le convaincre, et il avait finalement décidé de se présenter à Québec à l’âge de 16 ans pour ensuite s’établir comme le général en défensive de l’équipe.
«Il a vraiment dépassé les attentes que j’avais en lui au moment où on l’a repêché», assure Vermette.
Un repêchage de 2019 capital
Le repêchage de l’année suivante a par la suite jeté les bases sur le noyau de l’équipe. Parlant au huitième rang de la première ronde, les Remparts jettent alors leur dévolu sur le robuste attaquant des Gaulois de Saint-Hyacinthe, Nathan Gaucher.
«Nathan avait capté notre attention lors des Jeux du Canada. Il jouait un rôle de soutien sur un quatrième trio de luxe complété par Tristan Roy et Anthony Bédard. En quarts de finale, contre la Saskatchewan, le Québec tirait de l’arrière 2-0 et la ligne de Gaucher était embarquée sur la glace et s’était mise à frapper tout ce qui bougeait. Ils ont complètement changé le rythme du match et le Québec a fini par gagner le match. Ils ont ensuite continué jusqu’à la conquête de l’or», se remémore Vermette, ajoutant aussi que, dans son entrevue sur le plancher du repêchage, peu de temps après sa sélection, Gaucher avait promis qu’il aiderait un jour Québec à remporter un championnat.
Lors de ce même repêchage, les Remparts avaient ajouté d’autres pièces qui sont devenues des piliers de l’équipe: Charle Truchon en deuxième ronde, William Rousseau et Mikaël Huchette au cinquième tour et James Malatesta en septième ronde. On reviendra sur le cas des trois derniers un peu plus loin mais, pour Truchon, il avait charmé la direction des Diables rouges.
«Quand on était allé rencontrer les gars de Rivière-du-Loup, on leur avait posé la question: si tu pouvais amener un coéquipier avec toi, ce serait qui? Tout le monde nous avait répondu Truchon en raison de sa personnalité, de la façon qu’il se préparait et qu’il faisait tout pour s’améliorer. Un moment donné, ça te parle», ajoute le dépisteur, qui croit que le groupe de recruteurs des Remparts est le meilleur de la ligue.
«Ce n'est pas leur travail principal mais ils y mettent le même cœur que si ce l'était.»
L’apport de la vraie directrice générale
Les Remparts n’auraient probablement pas ce visage s’ils n’avaient pas été en mesure de convaincre autant de joueurs de renoncer à leur admissibilité à la NCAA pour rejoindre l’équipe. Et, pour Christian Vermette, une énorme partie du crédit revient à la directrice des services à l’équipe et des relations avec les médias, Nicole Bouchard.
«Patrick a fait tout un travail mais Nicole a été extraordinaire aussi», assure-t-il.
Son rôle a d’ailleurs été primordial dans la venue de deux piliers: Nicolas Savoie et James Malatesta.
«Quand Patrick a fait venir la famille de Savoie à Québec, il m’a dit: “il faut que tu viennes et que tu t’occupes de la mère’’, se remémore Nicole Bouchard en riant. Les mamans veulent le bien de leur fils et elles posent beaucoup de questions. Il faut trouver les bons mots pour les rassurer et ça avait bien cliqué avec elle et la famille au complet. Sa mère est venue me voir récemment et on s’est rappelé ce souper et du fait que ça fait déjà cinq ans!»
Même chose dans le cas de Malatesta, raconte la «vraie directrice générale de l’équipe». Et si cette dernière a eu son rôle à jouer pour le convaincre de venir, le crédit revient aussi à Roy, estime Vermette.
«On était arrivé en septième ronde et Pat était venu nous voir pour nous demander où on s’en allait. On avait ciblé un joueur et on se préparait à le prendre. Pat nous avait alors dit: “Pourquoi on ne prend pas Malatesta rendu là?’’ J’étais hésitant un peu parce qu’on avait déjà repêché plusieurs joueurs qui n’étaient pas certains de se présenter, dont Huchette et Rousseau. Finalement, on l’avait pris et on ne l’a pas regretté.»
Dans le cas d'Huchette, il était retourné midget AAA afin de ne pas perdre son admissibilité aux États-Unis avant de se raviser, l'année suivante. Même chose pour Rousseau qui avait clairement mentionné aux équipes, lors du repêchage de 2019, que la seule possibilité qu'il puisse joindre une équipe de la LHJMQ était s'il était en mesure de suivre ses cours de pilotage d'avion, ce que les Remparts ont réussi à faire.
Des transactions importantes
Le fait que les Remparts aient connu autant de succès au repêchage – ils ont aussi ajouté Evan Nause et Kassim Gaudet à la séance de sélection de 2020 – a permis à Patrick Roy d’entourer ce noyau dur en transigeant pour des joueurs qui ont eu un impact majeur sur l’équipe. La première transaction aura été celle pour faire l’acquisition de Théo Rochette des Saguenéens de Chicoutimi en retour du vétéran Félix Bibeau. Rochette est par la suite devenu le capitaine des Remparts et a enchaîné des saisons de 99 et 106 points.
L’été suivant, l’équipe acquiert Zachary Bolduc de l’Océanic de Rimouski en retour de trois choix de première ronde, notamment. Ce dernier développera ensuite une chimie avec Rochette et le duo a fait la pluie et le beau temps lors des deux dernières saisons.
Roy a mis la touche finale, la dernière pierre, à la construction de son équipe lors de la dernière période des Fêtes lorsqu’il fait l’acquisition de Justin Robidas des Foreurs de Val-d’Or. Cette transaction avait été bouclée l’été précédent, mais les Foreurs avaient émis comme condition qu’elle ne serait confirmée qu’à Noël.
«On savait que ça nous le prenait, avait raconté le président de l’équipe, Jacques Tanguay, après la conquête du trophée Gilles-Courteau. On avait du caractère, mais ça en prenait plus et il nous l’a démontré. Ce n’est pas facile, rentrer aux Fêtes dans une organisation comme les Remparts de Québec. On avait déjà les [Nathan] Gaucher, Théo [Rochette]. Il a été à son meilleur au bon moment. Il nous a donné du hockey incroyable.»
L’acquisition de Jérémy Langlois aura aussi été une prise importante pour les Remparts.
Un pilier déniché en Russie
Les Remparts n’ont pas connu que du succès avec leurs choix européens au cours de la construction de cette équipe championne. Les Yu Sato, Aapo Siivonen et Frantisek Ridzon n’ont jamais livré à la hauteur des attentes. Lors du repêchage européen de 2021, toutefois, l’équipe a jeté son dévolu sur un joueur qui allait devenir une pièce maîtresse: le défenseur russe Vsevolod Komarov. Difficile, à ce moment, de réellement savoir ce qu’il allait apporter aux Remparts puisque le choix avait été fait en pleine pandémie et en ne se basant que sur des séquences vidéo.
«On voyait un joueur qui était très constant, qui n’était pas spectaculaire mais qui défendait bien. Il faisait de bonnes lectures défensives et une bonne première passe. Il jouait aussi sur la deuxième vague d’avantage numérique avec son équipe en Russie. On ne savait pas s’il deviendrait un quart-arrière avec nous mais on savait que ce serait un joueur constant», se rappelle Christian Vermette.
Komarov aura finalement eu un impact énorme sur la brigade défensive des Remparts grâce à toutes les qualités énumérées par Vermette. Les Sabres de Buffalo en ont même fait un choix de cinquième ronde un an plus tard et viennent tout juste de lui faire signer un premier contrat professionnel.