Marquis passe aux mains de Lakeside: un joyau de l’imprimerie québécois vendu aux Américains
Un des plus importants imprimeurs de livres au Canada, Marquis, passe aux mains d’une grande entreprise américaine dans l’impression et la distribution de livres.
Les trois imprimeries de Louiseville, Montmagny et Toronto emploient quelque 600 personnes.
L’acquéreur, Lakeside, fondé à Chicago en 1864, est le plus gros imprimeur de livres en Amérique du Nord, avec un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars. L’achat de Marquis le fait entrer dans le marché canadien, tout en le propulsant au premier rang des imprimeurs de livre dans le monde. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.
« Des actionnaires de Marquis avaient exprimé le désir de quitter, a expliqué en entrevue le président Serge Loubier. Des banquiers auraient-ils pu refinancer Marquis? Je pense que oui, mais on a regardé les options et on a choisi celle qui nous paraissait la meilleure pour la pérennité de l’entreprise. »
L’entrepreneur, qui garde ses fonctions de dirigeant de Marquis, combat actuellement un cancer, mais la maladie n’est pas à l’origine de la décision de vendre. Les discussions avec Lakeside avaient débuté avant la tombée du diagnostic en décembre.
« La maladie n’est pas la raison de vendre, mais elle a été présente pendant la négociation. Elle aurait pu faire rater la transaction, mais Lakeside a vu qu’il y a une bonne équipe autour de moi et on m’a dit de prendre soin de moi », a confié M. Loubier.
Marquis a obtenu de l’aide financière du gouvernement du Québec à hauteur de 15,6 M$ depuis 2016, dont 10 M$ il y a un an et Capital régional et coopératif Desjardins figurait au nombre des actionnaires. L’imprimeur possède des installations à la fine pointe de la technologie et ses 600 travailleurs conservent leurs emplois. Mais y aurait-il eu un acquéreur potentiel au Québec ou au Canada?
« En tant que créancier, nous avons été informés de la transaction le 24 mai, alors que toutes les discussions étaient terminées. Dans ces circonstances, il nous a été impossible d’agir de manière proactive pour trouver un repreneur québécois. Nous ne pouvons que souhaiter que les installations et ces emplois spécialisés dans le domaine de l’impression demeurent en sol québécois, comme le promet l’acquéreur », a réagi Investissement Québec.
« On a acheté de Transcontinental et Quebecor n'est plus dans l'imprimerie. À 155 M$ de chiffre d'affaires, il y a moins de monde en haut qu'en-dessous. Et j'ai regardé, mais n'ai pas vu de partenaire à valeur ajoutée ici », a expliqué Serge Loubier, qui voit un potentiel de croissance important pour Marquis avec cette transaction.
Les éditeurs européens pourront désormais faire imprimer et distribuer leurs livres dans toute l'Amérique du Nord en négociant avec un seul partenaire, maintenant que Lakeside et Marquis sont réunis; l'avantage stratégique est donc important. Marquis avait déjà des activités aux États-Unis et l’entreprise sert des éditeurs de petite et moyenne taille, ce qui compléterait le service de Lakeside, plus orienté vers les éditeurs de grande taille.
Marquis possède par ailleurs une filiale spécialisée dans la production d’albums et d’agendas scolaires, Laurentien, ainsi qu’Interscript, dédiée à la production graphique.