Isabelle Brouillette: des romans qui font rêver
L’actrice et metteuse en scène Isabelle Brouillette, qu’on vient de voir dans la pièce Deux femmes en or (en supplémentaire du 5 au 21 décembre) et qui a illustré l’album jeunesse Sous mon lit, s’adonne au plaisir de lire. Voici quoi.
Quel est le dernier roman que vous avez lu ?
Chroniques de l’oiseau à ressort de Haruki Murakami. C’est la deuxième fois que je le lis ! Je l’avais adoré la première fois, je me rappelais que je m’étais mise à rêver beaucoup. Un climat délicat. Mystérieux, mais concret à la fois.
Je suis une grande fidèle de ce romancier japonais. Des récits toujours captivants qui osent naviguer dans des dimensions qui quittent le réel.
Et avant ça, c’était...
Un autre roman japonais ! Le restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa. J’avoue que j’adore lire des romans étrangers. Ça permet de voyager.
La description des paysages, des coutumes, des mets... Là, j’ai été servie ! L’héroïne a un minuscule restaurant où elle reçoit un client à la fois. Chaque préparation de mets devient une démarche poétique et connectée à la beauté du monde et des humains, comme une méditation.
Pouvez-vous maintenant nous parler des romans qui ont été pour vous d’immenses coups de cœur ?
- Mon préféré d’entre tous, un classique : Cent ans de solitude de Gabriel García Márques. Je l’ai aussi lu deux fois ! Nous suivons la lignée d’une famille pendant cent ans. Des personnages avec beaucoup de caractère, des événements surnaturels, mais bien ancrés et beaucoup de poésie visuelle. Une pluie qui dure des années, des chutes de fleurs venues du ciel, la guerre, l’amour, la mort. Une œuvre magistrale.
- L’odeur du café de Dany Laferrière. Grâce à de très courts récits concentrés sur un moment, une fièvre, un café sur le balcon, le sommeil, nous sommes plongés dans les souvenirs d’enfance de l’auteur en Haïti. C’est plein d’humour et d’amour.
- Sapiens, une brève histoire de l’humanité de Yuval Noah Harari. Ce livre devrait être lu par tous ! On remonte le fil du temps de la vie humaine sur terre. Sa migration à travers le globe, la création des religions, l’agriculture, la domination des peuples sur d’autres... Jusqu’à aujourd’hui, avec l’importance de l’arrivée du train, l’heure, l’argent ! C’est écrit de façon claire et limpide. Moi qui ne suis pas calée en histoire, j’étais fascinée.
- Il y a une très belle collection intitulée La plus belle histoire de... (la liberté, des plantes, du bonheur...). Éditée au Seuil, elle vaut la peine d’être toute lue ! Je m’arrête ici sur La plus belle histoire du bonheur d’André Comte-Sponville, Jean Delumeau et Arlette Farge. Des philosophes et des historiens répondent à des questions et nous racontent ainsi l’histoire du bonheur au fil du temps. Comment celui-ci dépend des pensées et des valeurs de l’époque, comment il évolue et ne cesse de se dérober pour nous surprendre là où on ne l’attendait pas.
Si quelqu’un vous demandait de lui suggérer un livre archicaptivant, quel titre vous viendrait tout de suite en tête ?
Le chardonneret de Donna Tartt. Nous sommes avec un jeune héros qui se retrouvera, à la suite d’une circonstance tragique, orphelin. Il va se réfugier chez un ami pour échapper aux services sociaux. Tout ce qui lui reste de sa mère, c’est une toile de maître, Le chardonneret, qui va l’entraîner dans les mondes souterrains et mystérieux de l’histoire de l’art. Je me rappelle avoir lu ce très gros roman de mille pages d’une traite !
Si ce même quelqu’un vous demandait de lui recommander un bon roman sortant totalement des sentiers battus, vers quoi iriez-vous ?
C’est un récit autobiographique d’une aventure extraordinaire, Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson. Il a vécu six mois, en ermite, dans une cabane au cœur de la taïga sibérienne. Il y raconte son quotidien. Fascinant et captivant.
Est-ce qu’il y a un livre pratique dont vous ne pouvez pas vous séparer ?
Le livre de recettes Comfort food de Jamie Oliver que je garderai toujours ! Ce sont des plats typiquement réconfortants de partout dans le monde. Du poulet tikka masala au dal de haricots noirs, en passant par le chili d’hiver, la pâte à pizza ou la soupe pho ! Des promesses de bonheur.
Est-ce qu’il y a un roman que vous rêvez d’illustrer ?
Ici, je n’ai pas d’autre choix que de vous reparler de Cent ans de solitude ! Je rêve de dessiner le père Buendia assis sous son arbre, la pluie de fleurs jaunes, le professeur de musique, le jardin d’Ursula, le cirque ambulant, le gitan Melquiades et la jungle amazonienne ! Des couleurs, des contrastes, de la douleur et de la beauté !
Qu’allez-vous lire pour sûr dès que vous allez en avoir le temps ?
La fin de nos programmes de Martin Bélanger. C’est un rédacteur publicitaire avec qui j’ai eu la chance de travailler souvent au fil du temps. Il a énormément d’humour et de vivacité d’esprit. La fin de nos programmes est son premier roman. Le personnage principal travaille à la ville, comme donneur d’excuses professionnel, et est accro à la radio. Un roman bien ancré dans la modernité !