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Le bâton mesuré et les belles histoires de la dernière Coupe Stanley

Coupe Stanley
Marty McSorley surveille de près John LeClair pendant que Kelly Hrudey tente de harponner la rondelle près de son filet, durant un match de la finale de la Coupe Stanley, en 1993 Photo d’archives


Ça fait 30 ans aujourd’hui. Le 3 juin 1993. Le Canadien avait perdu le premier match de la finale contre les Kings de Los Angeles. Et les Kings menaient 2-1 avec une couple de minutes à jouer.

Le vlimeux à Guy Carbonneau avait une carte secrète dans sa poche. Il était convaincu que Luc Robitaille et Marty McSorley jouaient avec des bâtons trop recourbés. « Mais Robitaille a changé de bâton avec cinq minutes à jouer », nous avait raconté Carbo après la victoire du Canadien.

Restait Marty McSorley. Carbo a jeté un coup d’œil. McSorley sautait sur la glace avec sa banane. Coup de tête et regard vers Jacques Demers. Appel à Kerry Fraser, l’arbitre au toupet haï par chaque partisan des Nordiques. On mesure. On remesure et bingo. Punition de deux minutes à McSorley.

Coupe Stanley
L’arbitre Kerry Fraser mesure la palette de McSorley. Photo d'archives

Éric Desjardins compte. On joue en prolongation et après une minute à peine, le même Desjardins marque son troisième but de la soirée.

Si vous avez 40 ans, vous savez tout ça. Sinon, vos oncles, tantes, profs ou Pat Laprade vous l’ont raconté.

Mais ce que vous ne savez pas, c’est que le pauvre Marty McSorley a écopé, en plus d’avoir peut-être coûté la Coupe Stanley à son équipe, d’une amende de 200 $.

C’est le règlement de la Ligue à l’époque et Dave Lewis, le superviseur, nous l’avait précisé comme un curé énumérant les sept péchés capitaux. Dont le plus important, la luxure.

Mais est-ce qu’on se sacrait du 200 $ de McSorley...

LES COMBATS D’EAU

Donc, nous voilà à Los Angeles. Pour les matchs trois et quatre. On logeait au Marriott de Santa Monica. Pamela Anderson avait déjà 27 ou 28 ans. Mais elle n’était pas sur la plage.

Un soir, par pur hasard, j’étais tombé sur John LeClair, tout mouillé dans un des longs couloirs de l’hôtel. Devait être proche de minuit. Il n’était pas très jaseux. On n’a donc pas jasé.

C’est après la conquête de la Coupe que j’ai compris pourquoi Big John était tout mouillé. Carbo avait organisé des combats de ballounes d’eau dans les couloirs et les suites de l’hôtel. Pour que les gars restent décontractés et détendus.

Y a quelqu’un qui a dû payer les factures puisque l’hôtel ne s’est jamais plaint.

Et puis, mouillé ou pas mouillé, fallait que tout joueur du CH porte sur lui sa carte d’affaires TOGETHER. N’importe qui pouvait en tout moment arrêter un coéquipier et demander à voir la carte. C’était une amende automatique payable à Carbo. Cet argent a servi à payer une couple de partys pendant les vacances.

Et sur la bague gagnée par les joueurs du Canadien en juin 1993, le mot magique est inscrit à côté des diamants : TOGETHER.

Pour la très petite histoire, c’est la bijouterie Everest sur Lajeunesse qui a fabriqué les bagues.

PARTI DE BAIE-COMEAU

Il y a l’histoire et il y a des histoires. Le samedi matin, Marc Dubuc, un grand gaillard de 24 ans de Baie-Comeau, qui s’était offert le voyage de sa vie à Los Angeles, s’assoit à ma table devant mes toasts au beurre de pinottes. « J’aimerais ça aller dans le vestiaire des Kings avec toi », me demande-t-il.

Bah ! Dans la vie, qui ne risque rien n’a rien.

On part pour le Forum de Los Angeles. Dans le corridor. À la porte, il y a un énorme préposé qui surveille l’entrée du saint des saints. 

« Là, tu dis pas un mot de Baie-Comeau. Anyway, tu parles pas anglais. Mais tu vas regarder le monsieur comme si tu étais le propriétaire des Kings. Un peu de haut mais pas trop. Pis tu me laisses aller. »

Donc Baie-Comeau s’est fermé la grande trappe, j’ai expliqué au gardien que le jeune qui m’accompagnait était une superstar du cinéma français, qu’il venait de Paris et qu’il avait promis à son ami Luc Robitaille d’aller le saluer !

S’est passé quoi ? Marc Dubuc de Baie-Comeau est rentré dans le vestiaire. Il a salué en français Wayne Gretzky. Puis Luc Robitaille. Je l’ai laissé aller un moment.

Puis j’ai réalisé que la grande superstar de Paris se promenait avec un bâton de Luc Robitaille et faisait la tournée du vestiaire pour le faire autographier. Gretzky, Sundstrom, McSorley...

J’ai eu très honte. No cheering dans la press box. Imaginez dans le vestiaire d’un finaliste de la Coupe Stanley...

PAT BRISSON ET LE HOCKEY DANS LE PARKING

Le dimanche, je sors prendre l’air. John LeClair avait compté en prolongation, tout était sous contrôle. Dans le grand parking du Mariott, un gars avait installé des buts avec des barils ramassés dans le fond du parking. Et le gars, un beau brun athlétique, avait organisé une partie de hockey en patins à roues alignées.

C’était la première fois que je voyais ça. À mon époque, les patins à roulettes venaient avec deux paires de roulettes. Et ils n’étaient pas très souples, c’est le moins qu’on puisse dire.

J’entends un accent, je vais voir l’organisateur qui était aussi le meilleur joueur de la partie. Je le replace. Un gars de ligues mineures. « Moi, c’est Pat Brisson. Je suis un chum de Luc Robitaille. Je reste chez lui, je m’occupe de ses chars. »

On jase, j’ai peut-être écrit un entrefilet. Je ne m’en souviens plus.

Mais 30 ans plus tard, Pat Brisson est devenu le plus puissant agent négociateur de la Ligue nationale. Co-président de CAA, il gère 1,8 milliard $ en contrats pour ses clients.

Surtout, surtout pour moi en tous les cas, chaque fois que j’ai eu besoin de lui parler, j’envoie un texto. Dans l’heure qui suit, qu’il soit dans un aéroport, entre deux meetings à Los Angeles ou à Chicago, le téléphone sonne. C’est Pat et sa phrase magique. 

« Qu’est-ce que je peux faire pour toi mon Réjean ? »

Ouais, signe donc Cole Caufield...

ET TOUT LE RESTE

Et puis, il y a le clin d’œil de Patrick, l’émeute du 9 juin après la conquête au Forum, la peine du gros Pat Burns... le départ d’Éric Desjardins et de John LeClair avec les Flyers...

Ça sera pour le 40e anniversaire.







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