Lebel-sur-Quévillon à 500 mètres de la catastrophe
Les résidents de Lebel-sur-Quévillon retiennent leur souffle en attendant de pouvoir réintégrer leur demeure: l’usine de pâte de papier Nordic Kraft est toujours sous la menace de l’incendie qui fait rage depuis vendredi. L’embrasement des lieux serait une catastrophe avec des implications qui vont bien au-delà de la région.
«Vendredi, le feu est passé à quelques centaines de mètres à peine des infrastructures névralgiques. Il n’y a pas de mots pour décrire à quel point on est passé très près d’une situation vraiment majeure. [...] Non seulement on se croise les doigts, mais on croise aussi tout ce qu’il est possible de croiser sur le corps humain pour que ça n’arrive pas», fait valoir le directeur exécutif au développement corporatif chez Chantiers Chibougamau, Frédéric Verreault.
Bien plus que les bâtiments, ce sont les réservoirs de produits chimiques du complexe industriel racheté par son entreprise en 2017 qui l’inquiètent particulièrement.
«C’est comme quelqu’un qui a une chaudière de chlore pour sa piscine dans le cabanon, s’il y a trop de chaleur ça peut devenir extrêmement dangereux, image M. Verreault. Nous, ce ne sont pas des chaudières, mais bien des citernes complètes de chlorate qu’on a sur le site.»
Ces réservoirs ne peuvent pas être vidés dans le but d’apporter leur contenu en lieux sûrs, puisque la route pour quitter l’usine est fermée à la circulation et présente elle-même d’importants dangers.
Catastrophe
L’usine de pâte Nordic Kraft a rouvert ses portes en 2020 après une modernisation majeure des équipements datant des années 1960 aux coûts d’environ 400 M$. 300 employés, dont 50% habitent à Lebel-sur-Quévillon, y travaillent au quotidien.
Plusieurs Quévillonais rencontrés par Le Journal à Senneterre et à Val-d’Or sont extrêmement préoccupés par la proximité observée à leur départ entre l’usine et les flammes.
Bon nombre d’entre eux «préfèrent ne pas penser» aux impacts que la destruction de l’usine pourrait avoir sur le village. Certains autres croient qu’il n’y «aurait simplement plus du tout» de municipalité.
Sur le qui-vive
Bien que la situation se soit quelque peu améliorée depuis le déclenchement de l’incendie, le directeur exécutif du développement corporatif de Chantiers Chibougamau soutient que «personne ne compte baisser la garde».
«On est à un tout autre stade dans l’intervention. Le feu dégage beaucoup de fumée parce qu’il s’est consumé très rapidement avant de ralentir samedi et dimanche. Le risque avec ça, c’est que c’est seulement l’extérieur des arbres qui a brûlé et que ça prendrait pas grand-chose pour que ça reprenne. Le risque est encore présent et on demeure en alerte.»